Episode 4
Un naufrage avant l'éclaircie
« A chaque jour suffit sa peine, à condition que la paye tombe bien en fin de mois. »
Pierre Dac
Où la famille ruinée part à la cambrousse lorsqu’une bonne nouvelle arrive.
Les jours s’écoulaient paisiblement et cependant de gros nuages s’amoncelaient à l’horizon. Le marchand, Maitre Panille, commerçait avec les Amériques. Il faisait venir ses denrées par galions de commerce généralement très bien protégés des pirates. Mais cela n’empêchait pas le risque qu’une forte tempête ne les coulât.
Et c’est hélas ce qui arriva. Les navires avec leurs cargaisons furent portés disparus ruinant son négoce car les assurances n’existaient pas. Il fut donc contraint à déposer le bilan et à mettre la clé sous la porte. Il réunit ses marmots pour leur annoncer qu’il ne lui restait plus qu’une ferme sauvée de la faillite et qu’ils doivent donc faire leur baluchon pour s’y bagoter.
Sans rouscailler les trois gogniands et La Belle acquiescèrent. Pour les deux chipies, tu piges que ce fut une autre affaire. Elles grimpèrent aussi sec au cocotier.
« Ce n’est pas la peine d’y penser ! » Piaillèrent-elles ! « On ne va pas percher chez les bouseux. Notre rang s’y refuse. Et d’ailleurs, il n’y a ni bowling, ni discothèque, ça sent le crottin et c’est tout juste s’il ne faut pas se saper en treillis militaire et pataugas pour crapahuter sur les chemins. Avec tous les greluchons qui bavent sur nos grolles, nous resterons en ville.»
Elles se gouraient les punaises car les godelureaux en avaient plus après leurs picaillons qu’après leurs cotillons. Ils se défilèrent donc tous et c’est en ronchonnant que les mijaurées durent se résoudre à rejoindre la smala au bled de Trouperdu-sous-bois.
La garnaffe n’était pas si tocassonne que cela. Elle était plutôt bien entretenue et disposait de tout le confort. D’autant que la mère Denis qui avait de la famille dans le coinsteau avait équipé toutes les bicoques avec du matos dernier cri (et surtout une grosse ristourne). Il y avait même un lave-vaisselle et un fourmi-cro-onde.
Pendant que son paternel et ses frangins marnaient aux champs, La Belle passait la patte mouille, lavait les carreaux et préparait le frichti. Les tâches ménagères ne la rebutaient pas contrairement à ses frangines qui, non seulement passaient le plus clair de leur temps à bambaner ou à soupirer en faisant leurs yeux de merlans frits à la fenêtre de leurs piaules, mais aussi, elles passaient leur venin à couvrir leur sœur de lazzis et de quolibets.
Ça ne faisait pas loin de douze marcotins que la tribu créchait à la cambrousse, c’est à dire près d’une pige, quand le préposé des pétété rallégea avec une missive expédiée depuis le port de Saint-Zanno en bordure de l’océan Athlétique. La lettre annonçait la couleur comme quoi un des trois galions avait réussit à ramarrer à la côte et que la cargaison dont il était le proprio était entreposée aux docks et l’attendait.
Tout pétant de joie, Maître Panille prévint sa marmaille qu’il s’y rendrait le lendemain dès qu’il zyeuterait le cul du chat, ou, comme le disent les honnêtes gens, dès potron-minet. Toujours aussi bonne-pâte, il s’enquit auprès de ses marmots de ce qu’il pourrait leur rapporter une fois la camelote fourguée et le pognon récupéré. Et c’est donc ici que tout a commencé. Le hasard n’existe pas. Si notre bonhomme n’avait pas suivi son instinct de gentil papa, rien de ce qui va suivre ne serait arrivé ce qui nous aurait privés d’une histoire délectable. Mais je ne vais pas déflorer le sujet. Il faut bien que je vous laisse bavocher un peu !
Les trois galapiats n’exigèrent rien pour eux et jacquetèrent:
« Te casse pas le bonnet le vieux, rallège simplement avec le flouze. Ca mettra un chouia de beurre dans les épinards et nous pourrons attriquer quelques veaux, vaches, cochons, couvées. ». Ils avaient lu les fables de Jean De La Fontaine. Les deux greluchettes pour ne pas changer, jabotèrent qu’il leur rapporte de nouvelles toilettes et autres fanfreluches parce qu’au casino du coin, il n’y à vraiment rien d’autre à se coller sur les endosses que des fringues ringardes et elles ne peuvent pas retourner en ville avec leurs vieilles frusques.
Le paternel se tourna vers La Belle:
« Et Toi pitchounette que veux-tu ? »
Tous les calots se fixèrent sur elle et après une courte gamberge, prenant son pipa par les épaules, elle jabilla.
Fin de l'épisode, à suivre...
Que demanda La Belle ?
Réponse A : Un sac Vuitton comme celui de sa copine Blanche Neige avec une poche sur le devant pour ranger le portable.
Réponse B : Une rose rouge car c’est la seule fleur qu’elle n’a pas encore fait pousser dans son jardin.
Réponse C : Un ragdoll ou sacré de Birmanie surnommé ‘’poupée de chiffons’’ le plus gentil des chats de compagnie.
Réponse D : Une paire de gant de boxe pour filer un bourre pif à ses deux frangines quand elles viendront lui souffler dans les bronches.
Alors là j’hésite. Je serais bien tenté par le bourre pif !
Je continue d’enrichir le dictionnaire des mots nouveaux, d’argot et de lyonnais populaires (bagoter, endosses, garnaffe, gogniants, marcotins). – voir - Glossaire.
De même pour la présentation du feuilleton, la vie de la romancière et l’évolution du conte depuis l’antiquité vous pouvez toujours consulter – La Belle et la Bête.
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