Episode 3
La famille de Belle
« J’ai abandonné la pêche le jour où je me suis aperçu qu’en les attrapant,
les poissons ne frétillaient pas de joie. »
Louis de Funès
Où le prince s’efface et nous faisons connaissance de la Belle « famille »
Une fois la Fée bleue disparue, la Bête en tenant délicatement la rose dans sa grosse patte velue, s’enquilla vers sa carrée. L’électricité était coupée, il grimpa les escadrins de l’escalator marche par marche dans un bruit sourd qui résonnait lugubrement car le palais semblait déserté.
Il n’y avait pas l’ombre d’un loufiat ou d’une soubrette dans les couloirs. Le maléfice les avait tous fait disparaître.
Arrivé dans sa piaule, il plaça la rose ‘’cocorico’’ dans un soliflore de cristal qu’il protégea sous une cloche en verre et qu’il posa sur la commode. Il s’avachit sur son fauteuil qui couina sous son poids et il resta muet, encore groggy par ce qui venait de lui arriver.
En quelques plombes, comme si la malédiction continuait à produire ses effets désastreux, là où il y avait de jolis vallons fleuris, un cuchon d’arbres à la croissance rapide sortit de terre, érigeant une forêt épaisse et haute qui encercla sur plusieurs centaines de mètres le château. Celui-ci, disparut bientôt de la vue d’éventuels bambaneurs, d’autant que tous les rubans carrossables, et les sentiers de randonnées que l’on empruntait jusqu’alors, furent à leur tour recouverts d’un tapis d’herbes folles et de ronciers.
"Fondu enchaîné !" demanda le metteur en scène
et comme toujours cliquez sur les photos compléta-t-il
? quelques centaines de bornes de ce lieu sinistre, la ville de Montanbateau-sur-mer se réveillait dans l’ambiance estivale d’un jour de marché où pour cent balles on te donne un peu de safran et un kilo de figues, du thym de la garrigue, le poisson de la Marie Charlotte, un bouquet de lavande et en plus quelques œillets. Avec 15 euros, tu peux toujours t’accrocher, ça m’étonnerai que tu obtiennes autant de marchandises !
C’est dans un hôtel particulier que créchait un marchand, le cul cousu d’or, avec ses six marmots, trois greluchons et trois chenuses colombes. Il était veuf depuis de nombreuses années, sa fenotte ayant avalé sa chique d’un rhume mal placé.
Il avait donc consacré ses picaillons à leur offrir la meilleure éducation et parfois cédait à leurs caprices. En ce qui concerne les gones qu’étaient bien artets, il n’y avait pas de lézard car ils secondaient bien leur vieux tant à la boutique que chez les fournisseurs où ils ne rechignaient pas à mouiller le maillot. Ils ne couraient pas la gueuse et ne se piquaient pas la ruche à licher des canons dans les troquets.
Du coté des fillasses, il y avait la matru qu’était bien canante et dont la beauté rayonnante lui avait valu le surnom de ‘’la Belle’’. Elle aussi secondait son paternel et au lieu de courir la patentaine, gardait les mirettes d’avantage fixées sur les bouquins dont elle raffolait que sur les gigolpinces quelle éconduisait courtoisement.
Par contre les deux ainées étaient de vraies denrées, bêcheuses et feignasses. Elles te faisaient songer aux deux teigneuses, tu sais, les filles des Thénardier qui se pavanaient laissant bosser Cunégonde Cendrillon qui avait été embauchée au pair dans cette famille de misérables. Les deux drolesses donc, n’en secouaient pas une ramée et passaient des plombes dans leur salle de bains ou devant leur psyché à se préparer pour aller à la discothèque branchée du petit port de plaisance de Saint-Gropèze, fumer des pétards et draguer un max.
Elles cherchaient à se faire épouser par un duc ou un comte, repoussant les bourgeois friqués qu’elles ne trouvaient pas dignes de leur rang. De plus, elles méprisaient leur frelote qu’elles trouvaient trop nunuche et ne se privaient pas pour lui balancer des vannes à la moindre occase. Mais la mignarde ne s’en souciait pas plus que de colin-tampon.
? propos savez-vous que l’origine de cette expression remonte à 1515. Colin-tampon était le nom de l’ancienne batterie de tambour des Suisses au service de la France qui se distingua à la bataille de Marignan et qui ne reçut aucun remerciement du roi Anchois Pommier. Il faut dire que colin, diminutif de Nicolas, signifie en péquenot, le nigaud (toute ressemblance avec un président serait fortuite) et que tampon représente le tambour. Nigaud, tambour, les deux raisonnent ou résonnent dans le vide.
Tout baignait donc dans l’huile comme la sardine dans sa boite en fer blanc de la conserverie « La belle-iloise » située à 56178 Quiberon (une excellente adresse que je recommande) lorsqu’un beau jour (enfin beau n’est peu être pas le terme idoine !) …
Fin de l'épisode, à suivre...
Que se passa-t-il donc ?
Réponse A : Un tsunami déferla détruisant les entrepôts de la ville et toutes leurs marchandises ruinant le marchand.
Réponse B : Une soucoupe volante se posa sur la terrasse de l’hôtel particulier déposant E.T. venu passer quelques jours de vacances sur Terre avant d’inviter la Belle... à le rejoindre sur sa planète.
Réponse C : Nous étions le 29 octobre 1929 et donc le Krach boursier va frapper de plein fouet leur commerce.
Réponse D : Les galions transportant les marchandises commandées par le marchand vont être portés disparus à cause d’une tempête, ruinant la famille.
La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Surtout dans les contes ! vivement l'épisode 4 !
Je continue d’enrichir le dictionnaire des mots nouveaux, d’argot et de lyonnais populaires.
– voir - Glossaire.
De même si vous n’avez pas déjà lu la présentation du feuilleton, la vie de la romancière et l’évolution du conte depuis l’antiquité
voir – La Belle et la Bête.
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