Episode 13
L'entente cordiale
Clavier - C'est quoi cette lueur à l'horizon Numérobis ?
Debbouze - Les lumières du port d'Alexandrie...
Clavier - Font naufrager les papillons de ma jeunesse !
Christian Clavier à Jamel Debbouze dans Astérix et Obélix : mission Cléopâtre
Où la Belle découvre le miroir magique et apprend à la Bête les bonnes manières
La Belle galocha jusqu’à sa piaule se décrassouiller, se bichonner, se pomponner, se ripoliner, se persavoniser, se démaquiller, se remaquiller, se crème hydrater, se blushiser, se broschinguer, se laquiser, se rouge-à-ongliser, se briquer les crocs pour pas refouler du goulot, en résumé, se refaire un léger brin de beauté sans oublier de déposer derrière ses étiquettes la goutte de son parfum préféré, ‘’J’affole’’ de Guerlasse.
Je signale que pendant ses courtes ablutions les mectons ont eu tout le loisir de borgnoter le dernier match de foot entre Paris et St Germain et les mistonnes ont claqué trois mois de forfait en bigophonant à leurs copines.
Sapée comme en dimanche, elle s’arnoucha devant le miroir de la coiffeuse pour juger du résultat.
Son esprit se mit alors à battre la campagne et elle songeait à son vieux quand tout à coup, le miroir se transforma en écran de téloche. Interloquée, elle vit et esgourda l’ancêtre en train de taper la converse avec Prosper, le fils ainé. Je pense qu’il est temps que je vous affranchisse du blase des trois loupiots.
Il y a donc Prosper l’ainé, Yopla le second, et Boum le têtard.
Versant une larmichette, le paternel dégoisait qu’à c’t’heure, le monstre avait dû boulotter sa fillotte en blanquette.
« Elle est si bonne qu’il a du se régaler le salaupiaud ! »
La Belle bieurla : « Que nenni ! Je pète la santé, y faut pas vous cailler le raisin ! »
Les deux hommes louchèrent dans toutes les directions reconnaissant sa voix et notre minette eut juste le temps de rajouter :
« Je suis au château, derrière un miroir magique et je… »
Avant que l’écran ne s’éteigne. Rejoignant la Bête qui pour tromper l’attente terminait son douzième petit pain bagnat aux rillettes et légumes grillés, celui-ci lui expliqua que le miroir fonctionnait par le truchement d’un satellite orbital et que la communication ne durait que cinq broquilles. Elle pourra chaque jour entrer en liaison avec sa famille, il suffit simplement de bien synchroniser les tocantes.
Nos deux (oserais-je dire !) tourtereaux, achevèrent cette première journée en bambanant dans les allées du parc sous les regards intéressés de Tornade Blanche la jument de la Belle et Encre de Chine le pur-sang noir de la Bête. Le soir au moment du repas, avant de prendre congé, gros minet posa à nouveau sa question :
« La Belle, veux tu m’épouser ? »
Elle lui fit un petit sourire tristounet. Il n’insista pas et la laissa briffer.
Pendant les deux mois qui suivirent, elle peaufina l’éducation du gros matou qui était devenu un aminche. Elle ne ressentait plus aucune aversion à son contact et même se surprenait à attendre avec impatience leurs retrouvailles dès le petit déj’.
Il était toujours très attentif à ne pas la brusquer. Une seule chose la chiffonnait, c’était ce rituel chaque soir de lui demander si elle voulait bien se marida avec lui.
Elle profitait aussi chaque fin de soirée, des cinq broquilles pour tchatcher avec son vieux. Elle apprit ainsi que Gertrude l’ainée avait épousé un mec beau comme un apollon, et que Ursule sa frangine s’était de son côté mise à la colle avec un gus plein d’esprit. La Belle se réjouit de ses deux belles alliances. Pour ses trois frelots, Prosper, Yopla, Boum, ils venaient de partir faire leur service militaire car ils avaient été tirés au sort à la dernière conscription. Mais pour eux tout baignait. En effet, comme ils connaissaient la totalité du répertoire de Maurice Chevalier, ils avaient été affectés dans la fanfare et animaient les soirées de l’escadron.
Dans le pays d’ici, les guerres n’existaient pas. On n’est pas dans le monde réel où les trou-ducs ne savent plus se poiler, sont jalminces des biens des autres et se créent des faux dieux pour mieux se cogner sur la tronche et s’étriper. Dans l’empire, les royaumes s’affrontaient en jeux sportifs et culturels (enfin pas trop) que le gagnant de l’année précédente avait en charge d’organiser et qui donnait lieu chaque mois de juin à de franches ripailles et forces esbauderies.
L’arbitrage était confié à un juge assisté de onze assesseurs qui était de vraies stars du show-biz. Il y avait le juge Minux et les onze Itrônes qui rivalisaient en facéties et coups de gueules mémorables, pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Chaque royaume avait sa fanfare, ses pom’ pom’ girls et les régiments qui bien sûr étaient composés de jeunes galapiats et de drôlesses, fournissaient les équipes participant aux courses de vachettes, tir à la corde sur planches savonnées et autres délicieusetés. Tout s’achevait dans la bonne humeur quel que soit le finaliste. Il paraît même que le nombre de mariages était impressionnant dans les mois qui suivaient.
? cette évocation, La Belle poussa un petit soupir nostalgique …
Fin de l’épisode à suivre
? quoi songea-t-elle ?
Réponse 1 – Si j’aurais su que ça soye ça, j’aurais pas venue. Pour une fois qu’un mec y tient la route, faut qu’il soit du genre monstre.
Réponse 2 – je vais bigophoner à la Fée bleue pour qu’elle me transforme en monstresse.
Réponse 3 – Je vais bigophoner à Arturo Brachetti, un transformiste, ça doit pouvoir transformer un monstre en humain.
Réponse 4 – J’ai le blues, je voudrais bien avoir une perm' pour taper la bise à mon paternel.
Je n’sais pas vous, mais tout ceci, ça me fend le cœur comme disait Raimu lors d’une mémorable partie de carte.
Aujourd’hui, nous avons juste deux nouveaux mots ou expressions à rajouter au Glossaire :
Grimpouzer qui signifie monter à l’étage par les escaliers car grimper en argot signifie posséder sexuellement une femme, d’où l’ajout du suffixe.
Le Goulot, c’est la bouche, se rincer le goulot c’est boire et refouler ou repousser ou taper du goulot, c’est avoir mauvaise haleine.
13 avril 2020
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