Episode 12

Une journée surprise

« Zorro est obligé de mettre un masque pour qu’on le reconnaisse ! »
Michel Audiard

Où la Belle nous surprend par ses talents insoupsonnés qui impressionnent la Bête

« La Belle, veux tu m’épouser ? Je ferais de Toi la plus riche de tout l’empire. Je comblerai tes moindres désirs ! »

« C’n’’est pas pour désobliger, mais franchement, t’es pas tout à fait mon type ! Et d’abord, je n’suis pas une marie-couche-toi-là prête à m’allonger pour palper l’oseille, ni une couratière et je garde mon berlingot pour le gosselin qui me fera un brin de cour avant de m’emmener sous un arbre pour me faire voir la feuille à l’envers. Amis poètes, bonjour ! Mais ne fait pas cette trombine de chien battu, j’n’ai pas l’intention de te faire des crasses au cours des six mois à venir. Je vais pas te faire la gueule et serais bonne copine. »

« Poupée, c’est sûr, t’es un vrai prix de Diane, pas une cavaleuse. Je respecte ta réponse. Je vais te lâcher la grappe pour ce soir et te laisser tortorer en paix. Träumen suss ! schlafen voll ! »
C’est par ces quatre mots qui signifient en allemand ‘’fais de doux rêves et dors bien’’ que maman me quittait le soir quand j’étais minot, et je pionçais heureux. Un brin de nostalgie, ça fait du bien. Tant pis pour les jalminces !

Version d'Angela BarrettLe lendemain matin, après avoir liché son Banania, la Bête rejoignit la Belle.
« Salut la gisquette, je te trouve bien chouquette ce matin. T’es fraîche comme la sardine ramenée à la petite aube, au port ! »
« Ouais, bon ! T’as encore des progrès à faire pour emballer les drôlesses. T’aurais pu jacter ‘’fraîche comme la rosée glissant voluptueusement sur le pétale d’une rose au lever du soleil’’. Il faut sérieusement que je m’occupe de ton éducation. C’est quoi t’est-ce donc les réjouissances de ce matin ? »
« En fait, j’aurais bien voulu bambaner avec Toi et taper la converse, mais cette daube d’électricité en rade me chiffonne. Les batteries de secours du frigo et du congélo sont dans le rouge et je me fais du mouron pour le frichti. Va falloir qu’on se mette aux rations militaires et bouffer du singe ! »
« Pouah ! Pas cette daube. Bigophone à SOS dépannage, y vont réparer. »
« Esgourde ma poule, si c’était dieu posse, ce serait fait. Mais aucun pélot n’a le droit de pénétrer dans ce château. »
« Ok, j’ai pigé, c’est donc bibi qui va s’y coller. J’ai mon CAP de dépanneuse multifonction. Montre-moi l’armoire électrique qui commande ce foutoir. 
»

Après un bref diagnostic sur l’étendue des dégats, elle passa un coup de turlu à ‘’Madame bricoleuse’’ pour se faire livrer du matos qu’elle alla récupérer à la grille du château avec la petite voiture électrique mise à sa disposition (au moins les batteries fonctionnaient encore). Elle se changea, enfila sa combinaison de travail vert fluo, gants et serre tête assortis ce qui la fit ressembler à une grenouille.
Pas celle du bénitier, que nenni ! Rien qu’à l’arnoucher, je me serais bien transformé en crapaud juste pour y taper la bise, à ce joli batracien.

Livraison faite, elle se mit à la bricole. Après avoir épissuré et soudé quelques fils, changé deux ou trois vibromasseurs à mercure et injecteurs sous jacents, remplacé quelques fusibles à zyglotron au lithium, elle enclencha le disjoncteur général. L’escalator se remit à fonctionner, un léger bourdonnement vers la cuistance annonça le déclenchement des compresseurs. Les ampoules s’allumèrent. Bref, tout fonctionnait à nouveau.

Dans un élan de reconnaissance, la Bête se précipita vers la Belle, l’agrichant et la serrant contre lui. Elle étouffait un chouia la minette, mais curieusement, elle ne ressentait aucune répulsion. Comme il avait desserré son étreinte, elle trouvait même l’instant agréable, une sensation de douceur, de chaleur comme quand tu prends un greffier ronronnant dans tes bras et qu’il se frotte à ton cou. Très vite, il la lâcha et se recula comme pour s’excuser, mais elle lui sourit.

« C’n’est pas grave gros minet, t’as pas labouré mon dos avec tes griffes. Je suis pas une mijaurée et sais reconnaître la spontanéité du geste. Et sans jouer la provoc’, ce n’était pas si désagréable que ça. Mais ne te crois pas obligé de repiquer à la sauce ! »
« T’es une souris à la chouette aussi je vais te renvoyer l’ascenseur pour nous avoir sorti de la mouscaille. Comme tu vas monter dans ta carrée pour te changer et faire une petite décrassouillette, une surprise t’attend ! »

Fin de l’épisode, à suivre…

Quelle surprise ?

Réponse A : Elle va trouver sur sa coiffeuse un miroir magique qui lui permettra de voir son père en direct.
Réponse B : Elle va trouver sur sa coiffeuse un talkie-walkie qui lui permettra de communiquer avec son père.
Réponse C : Elle va trouver sur sa coiffeuse un engin de téléportation qui lui permettra de se retrouver une heure par jour, sous forme d’hologramme, chez son père.
Réponse D : Elle va trouver sur sa coiffeuse un lecteur de CD avec l’enregistrement du mariage de ses sœurs et un lecteur à écran plat.

Sans vouloir casser la baraque, le talkie-Walkie, c’est un peu ringard !

Pas de nouveau mot à incorporer au Dictionnaire déjà bien riche - Voir Glossaire
Par contre, je ne vous prends pas pour des demi-sels, vous avez bien compris le sens de la phrase très imagée : "je garde mon berlingot pour le gosselin qui me fera un brin de cour avant de m’emmener sous un arbre pour me faire voir la feuille à l’envers."  Berlingot, c'est bien sûr à la fois le clitoris et le pucelage, mais saviez-vous qu'à l'origine, le terme désignait un véhicule : de berlingue et de berline ou le premier fiacre fut construit à Berlin en 1670. et aussi de la marque française Berliet pour les véhicules à moteur. Ensuite le mot désigna la balle de fusil !!! avant de désigner le clitoris et par analogie au bonbon originaire de Carpentras cela désigna le cunnilingus (sucer le bonbon). Bien évidemment, cette explication purement scientifique ne comporte aucune vulgarité. Je dis ça pour les marque-mal qui ricaneraient.

05 avril 2020