Episode 10
Le tour du propriétaire, la bibliothèque
« Dans certains restaurants, on appelle ‘’plat du jour’’,
les restes de la veille qui ne peuvent pas attendre le lendemain. »
Philippe Bouvard
Où la Belle fait le tour du château, découvre une splendide bibliothèque et passe la journée toujours seule !!!
La Belle pionçait, un léger sourire au coin de ses lèvres. Au cours de son rêve, elle arnoucha une donzelle au visage de porcelaine entièrement sapée en bleu (la couleur bleue, soye pas pomme à l’eau ! Pas la combinaison que t’enfiles pour turbiner au garage en maquillant les bagnoles volées). Celle-ci rallégea vers elle tout sourire en jabillant:
« Tu serais un mec, je dirais que tu en as dans le calbute pour avoir pris la place de ton paternel. Dorénavant je serai ton porte-flingue et gare au micheton qui voudrait te créer des embrouilles. »
La Belle s’enquit de son blase, mais alors que la fée (Ben oui ! Qu’est-ce tu crois c’était une fée, pas la mère Denis !) ouvrit son clapoir pour la rencarder, l’apparition s’évanouit car à ce moment, la Belle s’éveilla.
C’est archi gonflant quand tu fais un chouettosse rêve d’avoir cette saleté de radioréveil qui vient de tirer du page pour que t’ailles au chagrin. Pour peu que la fortune soit venue en dormant, tu te réveilles aussi fauché que la veille.
Les doubles rideaux de la fenêtre, s’ouvrirent en chuintant sur leurs rails, laissant entrer le soleil qui éclaira lentement la piaule. Frottant doucement ses mirettes et s’étirant gracieusement, la Belle sourit, et se leva. (J’aurais pu dire la belle souris se leva, mais c’eût été moins poétique.)
Dans la salle à manger, un copieux petit déj’ l’attendait. Thé à la rose, marmelade d’oranges, petits pains toastés, tièdes et croustillants et autre viennoiseries. Une douce musique sortait des enceintes. C’était un passage du printemps, une des quatre saisons de Vivaldi. Quant au monstre, tintin balpeau, même pas là. La Belle ressentait pourtant comme une présence diffuse qui lui paraissait curieusement plus protectrice que dangereuse.
Une fois sapée et pomponnée, elle décida de faire le tour du propriétaire. Comme elle ne pouvait toujours pas grimper à l’étage par les escayers de la rotonde, une force mystérieuse l’en empêchait, elle s’enquilla par la porte à gauche au fond de la salle à manger, et lentibardana, le long d’un large vestibule décoré façon galerie des glaces de Versailles mais en plus petit bien sûr ! Sur la gauche de grandes baies vitrées, les volets roulants relevés, laissaient entrevoir le parc à travers les voiles de dentelles brodés. ? droite, elle dépassa trois appartements chacun avec chambre, salon et tout le toutim.
N'oubliez pas de cliquer sur les images
Au bout du couloir, une porte s’ouvrit et devant les quinquets tourneboulés de la Belle, une immense pièce de la hauteur des deux étages du manoir offrait le spectacle d’une superbe bibliothèque de style anglais qui couvrait tout le fond de la piaule.
Au centre, des tables basses en merisier marqueté, avec des fauteuils, confidents rouges et crapauds verts de style anglais Queen Anne très sobres et confortables, avec leur rembourrage et coussins en cuir, incitaient à la pause et à la lecture des centaines d’ouvrages disposés sur les rayonnages.
Sur une tablette coulissante un lecteur à écran LCD offrait la possibilité de choisir son ouvrage, par thématique, titre d’ouvrage ou nom d’auteur. La Belle choisit ‘’L’ile des pingouins’’ d’Anatole France. Appuyant sur la touche ‘enter’ une petite lampe sur une étagère clignota et l’ouvrage glissa en dépassant de la rangée. Une échelle de bois coulissa sur une barre de laiton et se positionna à côté du livre qu’elle n’eut plus qu’à prendre.
La journée fut tranquille et puis c’est marre. C’n’est tout de même pas de ma faute s’il y a des temps morts dans le scénario ! Mais ne vous montez pas le bourrichon, ça va dépoter dans pas longtemps. Allez boire une mousse et grignoter des cacahouètes, c’est mieux que ronger son frein au risque de se foutre de la graisse plein les frusques.
Elle se rendit alors aux écuries et détacha sa jument qu’elle fit trottiner dans le parc avec l’étalon noir. En fin d’après-midi, elle retourna au château toujours aussi dépourvu du moindre être humain ou inhumain et elle s’installa dans la bibliothèque, lire son bouquin. Le soleil commençait à décliner et la pénombre s’installait déclenchant l’allumage progressif et automatique des chandelles lorsqu’elle esgourda du boucan venant de la salle à manger. Malgré son traczir et une petite boule au creux de l’estogome, elle raboula vers la pièce. Mais fifrelette, pas la queue d’un rat. On venait simplement de dresser un unique couvert sur le chemin de table. Elle posa son bouquin sur l’enfilade et s’installa pour briffer.
C’est alors qu’un bruit de pas pesants venant du corridor lui fit tourner le cabochon.
Fin de l'épisode à suivre
Qui arrive donc ?
Réponse A : Le monsieur de l’EDF et un huissier avec la facture d’impayés depuis six mois menaçant de se rembourser en piquant les chandelles et la vaisselle.
Réponse B : La Bête parce que bon ça fait un moment qu’il se les pèle à attendre son tour d’entrer en piste.
Réponse C : Tintin qui s’est trompé de BD. ? la recherche de Milou, distrait, il se croit au château de Moulinsart.
Réponse D : Le père de la Belle qui vient lui apporter sa nuisette qu’elle avait oublié dans ses bagages.
On se croirait dans un hall de gare, ou une pièce de Feydeau !
Comme de bien s'accorde, je continue d'enrichir le dictionnaire des mots nouveaux de cet épisode : Balpeau, Bourrichon et se monter le bourichon, Embrouilles, Dépoter... Voir Glossaire
20 mars 2020
Ajouter un commentaire