Episode 1

Un prince pas charmant

« Si la matière grise était rose, les hommes auraient moins d’idées noires
Pierre Dac

Où l’apparence est peut-être belle : un corps beau, mais un cœur de salopiot.

Il était une fois dans un pays très lointain, c'est-à-dire au delà de l’empire des royaumes de nos amis Blanche Neige, Pinocchio ou Chaperon rouge, vivait un Prince qui créchait dans un somptueux château. Rien à voir avec un HLM deux pièces, kitchenette, sans flotte au robinet et cagouinces sur le palier. Que nenni ! C’était de la chouetosse bicoque ousse que quand tu reçois des invités, il faut leur fourguer un plan ou un GPS sinon, ils se paument dans les couloirs et les escadrins et tu ne les retrouves plus. Les plus distraits atterrissent parfois dans les oubliettes. Le mecton avait de surcroît les miches bordées de nouilles car il était doté depuis sa naissance de tous les bienfaits. Friqué un max, tronche de premier de la classe, physique à faire passer Jean Marais pour un bossu difforme...
Pour sûr, il n’était pas resté en haut de l’escabeau le jour de la distribution.

C’était pourtant le dernier des chieurs, complètement méchant, jamais content et méprisant avec les loufiats. Il était égoïste avec pour devise « Quand y en a pour deux, y en a que pour moi ». Insensible, il rabaissait et virait de son passage tous ceux ou celles qui lui semblaient viocards, bancals ou bien laids comme des poux.

Par un soir de novembre, à cheval sur les toits, un vrai tonnerre de Brest avec des cris de putois allumait ses feux d’artifice (je ne connais pas de meilleur description des intempéries que celle de la chanson ‘’ l’orage ’’ de l’ami Georges Brassens).
En clair, ça pissait dru au dehors cette nuit là.

C’est alors que les trois coups du heurtoir de bronze, puisque l’interphone qui ne disposait pas d’un parafoudre avait été débranché, annonça bruyamment à l’entrée, qu'un visiteur se pointait.
Le larbin porte-clefs interrogea « Qui va là ? » Et comme dab la réponse fut: « C’est moi ! » Donc il ouvrit. Il palabra cinq broquilles avec la personne, la laissa sur le paillasson et rapidos, trissa prévenir le Prince qu’on le mandait personnellement.

Vieille femmeCelui-ci en rouscaillant, prit l’escalator qui descendait vers le hall d’entrée. Par le truchement d’un éclair plus zébrant que les autres qui illumina le seuil, dans l’encadrement de la lourde grande ouverte, il arnoucha une vioque encapuchonnée dans une longue pèlerine noire et vêtue d’une robe de mauvais drap. Elle était chaussée de gros sabots crottés dont la paille dépassait sur des chevilles variqueuses. Ses longs cheveux filasse et détrempés goûtaient sur le paillasson de l’entrée. Ils entouraient un visage au front plus ridé que l’océan un soir de marée d’équinoxe. Les yeux enfoncés dans leurs orbites brillaient du feu de l’enfer. Son tarbouif était orné d’une verrue d’où émergeait une touffe de petits poils drus. Ses joues creusées, couleur gélatine, encadraient une fine bouche aux lèvres bleuies par le froid.

Toute la tronche de la fée Carabosse ou d’une sorcière de Salem, de quoi te cailler le raisin, rien qu’en la borgnotant. Quant à ses salsifis décharnés aux ongles longs et terreux, s’ils avaient tenu une faux, tu te serais cru, être en face de la camarde. Le prince était furieux de s’être dérangé pour se trouver en face de cette lugubre apparition qui le débectait quelque peu. Il ronchonna : 

« C’est à quel sujet ? »

Exhibant un sourire édenté, elle sortit de son vieux sac Vuitton une rose.
C’n’était pas la rose congelée à dix balles que te fourgue le loquedu dans le bistrot alors que t’es en train de déguster un tablier de sapeur en compagnie de la nana avec laquelle tu compte bien conclure. Non ! C’était une authentique ‘’Cocorico’’ création du célèbre rosiériste Meilland Richardier et qui fut médaillée en 1989 comme étant la plus belle rose de l’année au Parc de la Tête d’Or de la bonne ville de Lyon.

M’est avis, qu’à la place du greluchon, j’eusse été intrigué qu’elle me présente une telle merveille, qui en plus était fraiche comme si elle venait d’être cueillie et même pas abimée par la tempête, ni par son confinement dans le cabas de la sorcière.

C’est alors qu’elle déclara d’une voix de crécelle.

Fin de l'épisode, À suivrre...

Que déclara-t-elle?

Réponse A : C’est aujourd’hui dimanche, oh mon prince charmant !
 
                     Vois cette belle rose toi qui les aime tant.

Réponse B : Je t’offre cette rose, ce n’est point une ruse
   
                   Et cette belle chose, surtout ne la refuse

Réponse C : Il fait froid et j’ai faim, achète moi cette rose
   
                   Offre-moi un bout d’pain, et un lit que j’me pose

Réponse D : Cette rose est magique et si tu en prends soin
   
                   Accomplira un vœu, pour toi chaque matin

Ça démarre fort, je subodore qu’on n’va pas s’ennuyer.
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La Belle et la Bête

17 janvier 2020