épisode 8 - l'enfant

L'attaque des loups

Autrefois, on cantonnait les loufs dans des réserves, un peu comme les indiens d’Amérique… ? Charenton…  
Maintenant on les met dans des bagnoles, des cabanons roulants.
Production annuelle trois millions ! Le plus grand asile de France !

Jean Gabin – Sous le signe du taureau de Gilles Grangier, écrit par Michel Audiard (1969)

En ces temps reculés de la préhistoire, la vie était rude.
Lorsque Bic s’éveilla, il vit au pied de l’arbre qui lui servait de refuge pour la nuit, Biscotte, lequel voyant son ami bouger, remua sa queue en poussant de petits glapissements de plaisir. Les deux jours qui suivirent, confortèrent l’attachement réciproque de l’homme et de la bête. Ils chassaient ensemble. Ils jouaient de temps en temps à simuler une bagarre en faisant bien attention à ne pas se faire de mal. Les nuits, Bic ne se réfugiait plus dans un arbre et s’endormait confiant dans la surveillance de l’animal. Le chien n’avait même plus de crainte devant le feu que l’homme allumait ou éteignait selon sa volonté.

Le quatrième jour les conduisit dans une contrée vallonnée, verdoyante et giboyeuse parsemée de nombreux points d’eau. Bic récoltait parfois des tubercules et des légumes sauvages comestibles que son père adoptif, le sorcier guérisseur naturopathe lui avait appris à reconnaître. Il en agrémentait les plats de viande et Biscotte trouvait cela à son goût. Traversant une futaie, des cris de détresse se firent entendre. C’était à n‘en pas douter des cris d’enfant. Il accéléra son allure jusqu’à ce qu’un spectacle inquiétant se présente à ses yeux.

Bic attaqueUn jeune garçon perché sur une branche qui vacillait dangereusement était entouré de cinq loups qui cherchaient à le faire tomber en se jetant contre le tronc du jeune frêne où il avait trouvé refuge. Pour ces prédateurs, la proie était facile. Ils en bavaient d’avance, les babines retroussées. Bic en hurlant et en courant se lança à l’attaque, suivi à vive allure de Biscotte qui aboyait très fort. D’un coup de pieu, il blessa un premier fauve et sans s’arrêter, pris par son élan, il en taillada un second avec le solide couteau offert par le Chef. Le chien n’était pas en reste, il avait saisit un loup à la gorge et le secouait furieusement.

Désorientés par la brusquerie de l’attaque les deux derniers loups reculèrent et s’enfuirent précipitamment rejoints des deux blessés claudicants. Le cinquième qui, avait réussi à se dégager et avait le poitrail rouge de sang, ne demandait qu’à sauver sa peau, il fila à la suite de ses congénères.
Bic hurla à l’attention de Biscotte "Laisses !" Le chien qui se précipitait à la poursuite des loups s’arrêta net et revint en trottinant vers Bic.

Le jeune garçon, vaincu par l’émotion, s’était laissé tomber à terre. Bic, après un rapide examen, constata que l’enfant n’avait que quelques blessures superficielles qu’il soigna à l’aide d’onguents que lui avait remis Moha, son père adoptif.
Biscotte en avait profité pour aller chasser et ramener du gibier. Le repas fut vite préparé et chacun mangea de bon appétit.
Le garçon remis de sa frayeur était très intrigué par ce feu domestiqué et par le chien qui semblait l’ami de l’homme. Bic mima les circonstances qui l’ont conduit à comprendre comment allumer un feu tout en le garder prisonnier et comment libérant le chien il s’en était fait un compagnon.

Le garçon intéressé et amusé expliqua à son tour ses mésaventures, avec un mélange de gestes et de paroles. Il était tombé accidentellement dans le fleuve proche du campement de sa tribu et emporté par le courant, il ne dut la vie sauve qu’à un tronc d’arbre qu’il attrapa et qui lui permit d’atteindre l’autre rive. Il était de ce fait très loin de son clan. C’est en allant chercher du secours, qu’il avait croisé le chemin des loups affamés et se réfugia sur un frêne où il se cramponnait en vain sous les coups de boutoir des prédateurs.

Bic se présenta en précisant que le chien répondait au nom de Biscotte ; l’enfant se nomma : "Je suis Daril, fils de Gallum". Bic sourit en relevant la fierté qu’il exprimait en prononçant le nom de son père et il assura l’enfant de son aide.
"Nous partirons demain matin et nous retrouverons les tiens. La nuit est proche et de toute façon après ces émotions, un bon repos ne nous fera pas de mal."

S’il n’avait pas demandé la main de Gaéa, il serait resté avec sa tribu, Biscotte n’aurait pas survécu et l’enfant serait mort dévoré par les loups.
Bic se demanda si une force mystérieuse ne guidait pas les pas et les décisions des humains. C’était la première perception d’une divinité régnant au-dessus des hommes.

Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité.  

5 juillet 2020