épisode 5 - la Saint-valentin
Un 14 février préhistorique ?
L’attraction mutuelle et réciproque de deux êtres d’appartenance sexuelle différentes,
est la résultante du passage de deux courants
qui traversent leurs éléments de contact, qu’il soit alternatifs ou continus.
Pierre Dac – Avec mes meilleures pensées.
Où Bic éprouve des sentiments qui lui sont encore inconnus
En ces temps reculés de la préhistoire, la vie était rude.
Notre chasseur-cueilleur des temps farouches était heureux. Depuis qu’il avait appris à sa tribu à domestiquer le feu, les longues soirées d’hiver ne consistaient plus à se réunir emmitouflés sous des tas de fourrures pour se protéger du froid glacial, car la grotte bénéficiait de la chaleur des foyers répartis harmonieusement à l’entrée. Et de plus il y avait une sorte de cheminée naturelle qui permettait d’allumer un feu presque dans le centre de leur habitat, et dont la fumée s’échappait vers l’extérieur.
Le clan avait donc placé en cercle autour de ce foyer des sortes de coussins de peaux de bêtes cousues qui offrait le confort pour s’assoir et écouter les conteurs qui racontaient le soir, des histoires de chasses, d’animaux fabuleux et d’exploits imaginaires de guerriers, ce qui faisaient rêver et frissonner les enfants, sourire les femmes et provoquaient les rires des guerriers et chasseurs.
Le printemps n’était plus très loin et même si le calendrier n’existait pas encore, nous pourrions dire que nous étions en milieu du mois de février.
En ce matin Bic s’installa devant la grotte l’air pensif. Son ami, le sorcier guérisseur-naturopathe vint s’asseoir à ses côtés.
« Je te trouve songeur mon ami ! Lui dit-il. As-tu quelque chose qui te tracasse ? »
Bic lui expliqua qu’il ressentait depuis quelque temps des sensations curieuses. Tout allait bien, mais il avait l’impression que son esprit n’était plus aussi attentif et émerveillé au monde qui l’entoure. Il était souvent songeur et lorsqu’il croisait le regard de Gaéa la fille du chef, ses joues s’échauffaient comme si elles étaient attaquées par les flammes, ses jambes semblaient s’amollir et se dérober sous lui et, la gorge sèche, aucun son ne sortait de sa bouche.
Le sorcier lui demanda alors, quelle attitude adoptait la jeune femme lorsqu’elle croisait son regard. Bic répondit qu’elle lui souriait puis elle baissait les yeux apparemment aussi gênée que lui. Le sorcier partit d’un grand éclat de rire amical et prit son ami par les épaules.
« Je pense que ta maladie n’est pas bien grave et qu’elle est partagée. Ne brusque pas les choses, agit selon tes sentiments. L’occasion de vous parler tout deux viendra en son temps. Laisse la nature que tu connais si bien guider les choses. Vas faire ton tour d’inspection habituelle dans la prairie, j’ai à parler au Chef. »
Bic remercia son ami pour sa gentillesse et il partit faire sa ronde matinale. Pendant ce temps, le sorcier n’allât pas voir le Chef, mais Gaéa. Il lui demanda si elle voulait bien aller lui chercher quelques herbes médicinales, car il lui avait appris à reconnaître les plantes et elle l’aidait parfois dans ses préparations.
Bic qui se trouvait en lisière du bois, aperçu une petite touffe de primula belarina carmen, que le soleil matinal, de cette fin d’hiver très doux, illuminait. Instinctivement, avec son couteau, il se baissa et précautionneusement, en dégageant la petite touffe et une motte de terre, sans couper les racines ; il cueillit ce petit bouquet coloré, improvisé.
Il le tenait dans sa main, quand il perçut une présence s’approchant derrière lui. Se relevant et se retournant, il se trouva en face de Gaéa toute surprise, mais nullement effrayée. Elle lui sourit. Il lui tendit les fleurs, souriant de même. Elle prit le bouquet. Leurs mains s’effleurèrent. Comme en rêve ils se rapprochèrent et s’embrassèrent doucement puis ils repartirent en direction de la grotte en se tenant par la main.
Pour la première fois un homme offrit des fleurs à une femme.
Bic ignorait que ce premier bouquet de fleurs initiait le symbole des amoureux et préfigurait la Saint-Valentin du 14 février.
Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité.
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