épisode 15 - Vif éclair
Encore une belle rencontre
Après 60 minutes d'équitation l'homme dit qu'il a fait une heure de cheval,
le cheval, lui, doit se dire qu'il a fait une heure d'homme
Philippe Geluck dans « Le chat vol.1»
En ces temps reculés de la préhistoire, la vie était rude.
C’est alors qu’au matin du quatrième jour Bic découvrit au sol des traces de sabot. Il pensait que s’il capturait et ramenait au camp un de ces animaux, ce serait le témoignage de sa bravoure. Pris dans ses pensées, il n’avait même pas imaginé qu’il lui suffisait de conter ses découvertes et rencontres d’apporter la preuve de son dernier exploit (les dents du tigre) pour que cela suffise à le faire reconnaître parmi les braves.
Biscotte et Belle, le nom donné par Bic à la compagne de Biscotte qu’il trouvait très fine avec un pelage clair, observaient avec attention le curieux manège de l’homme. Celui-ci collait son oreille à terre ou il triturait des excréments avec un bâton pour évaluer le temps écoulé depuis qu’ils avaient été déposés. Bic avait pris l’habitude de parler aux chiens qui, même s’ils ne le comprenaient pas, l’écoutaient avec attention.
"Je crois que nous touchons au but dit-il aux animaux. Si tout se passe bien nous devrions bientôt rejoindre ma tribu. Vous pourrez rester avec moi ou repartir. Faites comme il vous plaira. Mais je serais heureux si vous restiez".
Biscotte et Belle aboyèrent joyeusement comme s’ils avaient compris et approuvaient.
C’est alors qu’il entendit un long hennissement. Ils étaient là tout près. Bic fit un signe à ses compagnons pour qu’il ne fasse pas de bruit. Il écarta les longues et épaisses fougères qui le séparaient de l’orée du bois et vit les chevaux. Ils étaient aussi nombreux que les doigts de deux fois ses deux mains.
? cette époque, sans que l’on en connaisse la raison, l’homme ne chassait pas les chevaux. Il ne les considérait ni comme de la nourriture, ni comme des prédateurs. Le cheval de son côté, n’attaquait pas l’homme et l’un et l’autre coexistaient non sans une certaine indifférence.
Bic était attiré par cet animal qu’il trouvait puissant sans être lourd, qui savait se déplacer avec rapidité et souplesse et qui avait fière allure.
Il caressait le rêve de s’en faire un allié. Il s’était bien lié d’amitié avec Biscotte et Belle alors pourquoi pas avec un cheval.
Seulement voilà ! Comment créer le contact ?
Un jeune poulain un peu en retrait de la harde, marcha accidentellement sur une longue couleuvre qui se redressa en sifflant bruyamment.
Le poulain effrayé partit au galop sans regarder où il allait. Il entra de plein fouet dans une haie d’aubépines tellement épaisse qu’il resta coincé, ne pouvant se dégager.
La jument grise-blanche et un grand cheval noir arrivant près de lui ne savaient comment l’en dépêtrer. Ils piaffaient de colère et d’énervement.
Bic s’approcha de la haie, du côté opposé où se trouvaient les chevaux. Tout en parlant calmement, il caressa le museau du poulain qui cessa de s’agiter. Le cheval et la jument se rapprochèrent des flancs du poulain qui sentit la présence de ses parents et s’arrêta de trembler.
Bic avec l’aide de sa machette et de son couteau, tailla les branchages pour dégager l’encolure de l’animal qui sortit enfin la tête du buisson épineux. Il se retourna tout étourdi vers la jument qui le prit tout de suite en charge pour le reconduire vers ses congénères.
Le cheval noir s’attarda un moment à regarder à travers la haie, l’homme qui le fixa dans les yeux en souriant, puis il partit rejoindre la harde. Bic s’endormit ce soir-là rêvant aux chevaux.
Le lendemain matin, il constata qu’ils étaient restés dans la prairie paissant paisiblement. Pour préparer son repas, il déterra quelques tubercules comestibles au goût sucré. C’était des betteraves que même Biscotte aimait bien. Il eut alors l’idée d’en couper quelques-unes et s’approchant lentement du cheval noir qui, sans crainte, le laissait s’approcher. Il lui tendit le tubercule que le cheval savoura comme une sucrerie.
Il suivit Bic qui lui montra le carré qu’il venait de défricher. La harde ne se fit pas prier pour consommer les betteraves.
Pendant plusieurs jours, le cheval et l’homme se côtoyèrent. Bic l’appela Vif éclair. Même Biscotte et Belle, qui ne manifestaient aucun signe d’hostilité, étaient acceptés par les chevaux et Belle jouait à faire la course avec le poulain sous le regard attentif de la jument.
Un matin, Bic avait posé sa main sur le dos du cheval qui replia ses pattes avant puis arrière. Bic se risqua à l’enfourcher. Le cheval tressaillit et se releva ce qui faillit faire choir notre ami.
Au cours des 48 heures qui suivirent, après quelques chutes, Bic réussit à s’adapter aux mouvements du cheval quelle que soit son allure, au pas, au petit trot et parfois au galop.
Bic venait d’apprivoiser et de faire alliance avec le premier cheval qui allait se révéler être le meilleur ami de l’homme.
Un petit geste d’amitié partagée de l'homme, un grand pas pour l'humanité.
01 septembre 2020
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