Ch1 - La maison du miroir
Comme toujours pour les feuilletons, les épisodes ou les sous-chapitres des chapitres sont positionnés du plus récent au numéro 1
4 - Le Jabberwock (suite)
Or, comme il ruminait de suffèches pensées
Le Jabberwock, l'oeil flamboyant,
Ruginiflant par le bois touffeté,
Arrivait en barigoulant !
Une, deux ! Une, deux ! D'outre en outre
Le glaive vorpalin virevolte, flac-vlan !
Il terrasse le monstre, et brandissant sa tête,
Il s'en retourne galomphant.
Tu as donc tué le Jabberwock !
Dans mes bras mon fils Rayonnois !
Ô jour frabieux ! Callouh ! Callock !
le vieux glouffait de joie.
Il était grilheure : les slictueux toves
Gyraient sur l'alloinde et vriblaient :
Tout flivoreux allaient les borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient.
« Ça a l'air très joli ! dit Alice, mais c'est très difficile à comprendre ! » Voyez-vous, elle ne voulait pas admettre qu'elle n'y comprenait rien.
« Ça me remplit la tête de toutes sortes d'idées, je ne sais pas exactement lesquelles et ce qu'il y a de clair, c'est que quelqu'un a tué quelque chose. Mais si je ne me dépêche pas, je vais être obligée de repasser par le miroir. »
Elle décida de commencer par le jardin. Elle quitta la pièce, et descendit l'escalier " vite et bien " autrement dit, elle se contenta de laisser filer ses doigts sur la rampe en flottant dans l'air sans toucher les marches de ses pieds.
Puis elle traversa le vestibule et franchit la porte en marchant à nouveau d'une manière naturelle.
Fin du Chapitre 1 - À suivre...
09 novembre 2021
3 - le Roi, le Cavalier, le poème
« Quel volcan ? » demanda le Roi.
« M’a fait sauter en l’air, dit la reine encore toute haletante. Faites bien attention à monter comme à notre habitude ; ne vous laissez pas projeter en l’air ! »
Alice lorgna le Roi Blanc grimper lentement. Elle déclara :
« Tu vas mettre des heures pour arriver sur la table, je vais t’aider. »
Le Roi qui ne pouvait la voir ni l’entendre, se retrouva suspendu en l’air, épousseté par une main invisible et ses yeux et sa bouche s’agrandirent. Alice en riant le posa sur la table très soigneusement à côté de la Reine. Il tomba sur le dos et ne bougea plus.
Alice se mit à chercher un peu d’eau pour le ranimer, mais ne trouva qu’une bouteille d’encre et quand elle revint à la table, le Roi et la Reine chuchotaient :
« Jamais je n’oublierai l’horreur de cette minute » dit le Roi.
« Oh que si, répondit la Reine, vous l’oublierez si vous n’en prenez pas note. »
Alice vit le Roi tirer un énorme carnet de sa poche, sur lequel il commença d’écrire. Elle saisit l’extrémité du crayon qui dépassait de l’épaule du Roi et se mit à écrire à sa place. Ne pouvant maîtriser son texte, le Roi montra le carnet à la Reine qui lut : Le Cavalier Blanc est en train de glisser à cheval sur le tisonnier. Il n’est pas très bien en équilibre.
« Ce n’est pas ce que vous avez vécu et ressenti » dit-elle.
Alice ayant aperçu un livre sur la table le prit et tourna les pages qui étaient écrites à l’envers. « Normal ! pensa-t-elle, c’est un livre du Miroir ! » Elle le plaça devant une glace et lut :
JABBERWOCKY conte embrouillé de Dodgson (le nom de Carroll) 1885.
Il était grilheure ; les slictueux toves
Gyraient sur l’allonde et vriblaient
Tout flivoreux allaient les borogroves
Les verchons fourgus bourniflaient.
Prends garde au Jabberwock, mon fils !
A sa gueule qui mord, à ses griffes qui happent !
Gare l’oiseau Jujube et laisse
En paix le frumieux Bandersnatch !
Le jeune homme ayant pris sa vorpaline épée
Cherchait longtemps l’ennemi manxiquais
Puis arrivé près de l’Arbre Tépé
Pour réfléchir un instant s’arrêtait.
Alice interrompit sa lecture, posa le livre en se demandant ce qu’elle était en train de lire, puis elle repris le recueil de poèmes.
Fin de l’épisode, à suivre...
01 novembre 2021
2 - la traversée du Miroir
Alice dit à Kitty : « Faisons semblant que tu sois la Reine Rouge, si tu t’asseyais sur ton derrière et croisais tes pates de devant, tu lui ressemblerais, essaie pour me faire plaisir ! »
La fillette mit la pièce du jeu d'échecs "la Reine Rouge" devant la petite chatte pour lui servir de modèle, mais celle-ci n’en tint pas compte alors Alice la prit et la posa sur la cheminée devant le miroir ajoutant :
« Si tu ne joues pas, je te fais passer dans la maison du Miroir ! » Elle lui demanda : « Aimerais-tu vivre dans la maison du Miroir Kitty ? Peut-être que si on te donnait du lait, celui-ci ne serait pas bon ! Faisons semblant de pouvoir y entrer. Faisons semblant que le verre soit mou comme de la gaze pour que nous puissions passer à travers. » cliquez sur l'image pour mieux la visualiser
Pendant qu’elle disait ces mots, elle se trouvait debout sur le dessus de la cheminée, et le verre commençait bel et bien à disparaître, exactement comme une brume d’argent brillante. Un instant plus tard Alice avait traversé le verre et avait sauté légèrement dans la pièce du Miroir. Elle constata avec plaisir que de ce côté un vrai feu flambait dans la cheminée et qu’elle aurait aussi chaud que dans le salon qu’elle venait de quitter. Elle remarqua que les tableaux accrochés au mur à côté de la cheminée avaient tous l’air d’être vivants et la pendule sur le dessus de la cheminée avait le visage d’un petit vieux qui la regardait en souriant.
Elle vit que plusieurs pièces du jeu d’échecs se trouvaient au milieu des cendres et poussa un petit cri de surprise en observant que les pièces se promenaient deux par deux. Elle se mit à quatre pattes pour mieux les voir.
« Voici le Roi Rouge et la Reine Rouge dit Alice à voix basse pour ne pas les effrayer et voilà le Roi Blanc et la Reine Blanche assis au bout de la pelle à charbon, et là, les deux Tours qui s’en vont bras dessus bras dessous. Je ne crois pas qu’ils puissent m’entendre et me voir. J’ai l’impression d’être invisible. »
À ce moment elle entendit un glapissement sur la table et tourna la tête juste à temps pour voir l’un des Pions Blancs se renverser et se mettre à gigoter. Elle attendit avec beaucoup de curiosité pour voir ce qui allait se passer.
« C’est la voix de mon enfant ! s’écria la Reine Blanche en passant en trombe devant le Roi qu’elle fit tomber dans les cendres. Ma petite Lily ! Mon trésor ! Mon impériale mignonne ! » Elle se mit à grimper comme une folle le long du garde-feu.
« Au diable l’impériale mignonne ! » dit le Roi en frottant son nez tout meurtri. Il avait le droit d’être contrarié car il se trouvait plein de cendres de la tête aux pieds.
Alice, fort désireuse de se rendre utile se hâta de prendre la Reine et de la mettre sur table à côté de sa bruyante petite fille prête à convulser. La Reine à qui ce rapide voyage dans les airs avait coupé la respiration, s’assit et pendant une ou deux minutes serra dans ses bras la petit Lily sans dire un mot. Dès qu’elle eut retrouvé son souffle, elle cria au Roi Blanc qui était assis d’un air maussade dans les cendres :
« Faites attention au volcan ! »
À suivre…
24 octobre 2021
1 - Alice et Kitty petite chatte noire
Tandis qu’Alice, restait blottie en boule dans un coin du grand fauteuil somnolente en se faisant de vagues discours, la petite chatte noire s’en donnait à cœur joie de jouer avec la pelote de grosse laine que la fillette avait enroulée, la poussant dans tous les sens jusqu’à ce qu’elle fût complètement déroulée, toute embrouillée, pleine de nœuds, étalée sur la carpette et au beau milieu, le chaton courait après sa queue.
« Oh ! Comme tu es vilaine Kitty ! » s’écria Alice, en la prenant dans ses bras et en lui donnant un petit baiser.
« Dinah aurait dû t’élever un peu mieux ! » ajouta-t-elle, en jetant un regard de reproche à la vieille chatte. De nouveau dans le fauteuil avec la petite chatte sur les genoux qui restait sage et faisait semblant de s’intéresser à l’enroulement du peloton commencé par Alice qui n’arrêtait pas de lui parler.
« Sais-tu quel jour nous serons demain ? Le 4 novembre car j’ai vu par la fenêtre les garçons qui ramassaient du bois pour le feu de joie du Guy Fawkes Day (victoire du parti protestant en 1603). Il s’est mis à neiger si fort qu’ils ont été obligés d’y renoncer. Nous irons demain admirer ce feu de joie.
À ce moment, Alice enroula deux ou trois tours de laine autour du cou de Kitty, juste pour voir de quoi elle aurait l’air. Il en résulta une petite bousculade et le peloton tomba sur le plancher déroulant plusieurs mètres de laine. De nouveau confortablement installées dans le fauteuil, la fillette reprit son soliloque avec Kitty.
« Entends-tu le joli bruit de la neige contre les vitres ;
on dirait qu’il y a quelqu’un dehors qui embrasse la fenêtre.
Je crois que la neige aime aussi les champs et les arbres ; elle les recouvre douillètement d’un couvre-pied blanc en leur disant : dormez mes chéris jusqu’à ce que l’été revienne et quand il revient, ils se réveillent, s’habillent en vert et dansent chaque fois que le vent souffle. »
« Kitty sais-tu jouer aux échecs ? Ne souris pas, ma chérie, je parle sérieusement. Tout à l’heure, pendant que nous étions en train de jouer, tu as suivi la partie comme si tu comprenais : et quand j’ai dit ‘’Echec !’’ tu t’es mise à ronronner ! Ma foi c’était un échec très réussi, et je suis sûre que j’aurais pu gagner si ce méchant Cavalier n’était pas venu se faufiler au milieu de mes pièces. Kitty ma chérie, faisons semblant… »
Ici je voudrais pouvoir vous répéter tout ce qu’Alice avait coutume de dire en commençant par son expression favorite, comme par exemple hier quand elle avait demandé à sa grande sœur : « Faisons semblant d’être des rois et des reines. » Mais sa sœur avait dit que c’était impossible puisqu’elles n’étaient que deux ; alors Alice a rétorqué : « Alors toi tu seras l’un d’eux et moi je serai tous les autres. »
Un autre jour elle avait causé une peur folle à sa vieille gouvernante en lui criant dans l’oreille :
« Je vous en prie, Mademoiselle, faisons semblant que je sois une hyène affamée et que vous soyez un os ! »
Mais tout ceci nous éloigne du récit…
À suivre…
19 octobre 2021
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