Ch 8 C'est de mon invention

3 - Fin de la chanson, Alice arrive à la huitième case

Où nous assistons à la fin de la chanson du Cavalier Blanc.
Charles Dodgson en 1856 avait repris un poème de Wordsworth Résolution en indépendance ; il en avait fait une parodie surréaliste qu’il fit paraître dans le revue The Train en prenant le pseudonyme de Lewis Carroll qu’il conservera ensuite. Voici donc la fin du vieux assis sur la barrière. 

Assis sur la barriere« Et maintenant, lorsque, parfois, je déchire mes poches, ou quand j’insère mon pied droit dans ma chaussure gauche, ou quand j’écrase un de mes doigts sous une lourde roche, je sanglote, en me rappelant ce vieillard au verbe si lent, aux cheveux si longs et si blancs, au visage sombre et troublant, aux yeux remplis d’un feu ardent, que déchiraient tant de tourments, qui se balançait doucement, en marmottant, en marmonnant comme s’il eût manger des glands et renâclait comme un élan…ce soir d’été il y a longtemps, assis sur la barrière. »
Vous comprenez que c’est une seule phrase et qu’il vaut mieux la chantonner, n’est-ce pas ! 

À la fin des dernières paroles de la ballade, le Cavalier reprit les rênes et s’en retourna d’où ils étaient venus en disant à Alice qu’il ne lui restait que quelques mètres pour descendre la colline et franchir le petit ruisseau. Mais auparavant pour qu’il reprenne courage la fillette doit le regarder partir jusqu’au tournant de la route puis elle agitera son mouchoir. Elle accepta, remercia pour la chanson et ils se serrèrent la main ; puis il s’enfonça lentement dans la forêt. Alice le regarda partir et agita son mouchoir juste avant qu’il ne disparaisse.
« J’espère que ça lui a donné du courage »,
se dit-elle en descendant jusqu’au bas de la colline. 
« Maintenant, à moi le dernier ruisseau et la couronne de la Reine ! Ça va être magnifique ! Enfin ! Voici la huitième case ! »

S’écria-t-elle en le franchissant d’un bond et en se jetant pour se reposer sur une pelouse aussi moelleuse qu’un tapis de mousse, toute parsemée de petits parterres de fleurs.
« Oh que je suis contente d’être ici ! Mais qu’est-ce donc que j’ai sur la tête ? 
»

S’exclama-t-elle d’une voix consternée, en portant sa main sur un objet très lourd qui lui serrait le front.

« Voyons, comment se fait-il que ce soit venu là sans que je le sache ? »

Se dit-elle en soulevant l’objet et en le posant sur ses genoux pour voir ce que cela pouvait bien être…

Fin de l’épisode, à suivre…
11 août 2022

2 - Le cavalier blanc, son chargement, sa chansonnette

Cavalier blancPendant qu’ils voyageaient ensemble et après avoir fait plusieurs chutes de cheval car il était très maladroit, le cavalier lui raconta ses inventions toutes plus farfelues les unes que les autres. Avec ses doux yeux bleus et son bon sourire, il se mit à chantonner à la façon d’une mélopée une chansonnette de son invention qu’il avait appelé Assis sur une barrière et qui se révéla très surréaliste la voici
« Je vais te conter maintenant l’histoire de ce bon vieillard chargé d’ans, assis sur la barrière. Qui es-tu et quel est ton gagne-pain ? Dis-je à cette relique. Comme un tamis retient du vin, je retins sa réponse :
‘’Je pourchasse les papillons qui volent dans les nues ; j’en fais des pâtés de mouton, que je vends dans les rues. Je les vends à de fiers marins qui aux flots s’abandonnent ; et c’est là mon seul gagne-pain. Faites-moi donc l’aumône ! ’’

Mais moi qui concevais ce plan : teindre en vert mes moustaches et me servir d’un grand écran pour que nul ne le sache, je dis (n’ayant rien entendu) à cette vieille bête : Allons, voyons ! Comment vis-tu ? Et lui cognai la tête. Il me répondit aussitôt :
‘’ Je cours à rendre l’âme et lorsque je trouve un ruisseau vivement je l’enflamme ; on fait de l’huile pour cheveux de cette eau souveraine ; moi je reçois un sou ou deux, c’est bien peu pour ma peine. Mais je pensais à un moyen de me nourrir de beurre, et ne manger rien d’autre, afin d’engraisser d’heure en heure. ‘’ »
Comme s’il n’avait rien écouté de cette réponse, le cavalier repris : 
« Je le secouai sans façon, et dis plein d’impatience : allons comment vis-tu ? Quels sont tes moyens d’existence ?
‘’ Je cherche des yeux de brochets sur l’herbe radieuse, j’en fais des boutons de gilets dans la nuit silencieuse. Je ne demande ni diamants ni une bourse pleine, mais, pour un sou à tout venant j’en donne une douzaine. Aux crabes, je vends des gluaux, j’en fais un grand massacre ; ou je vais par monts et par vaux chercher des roues de fiacre. Voilà comment en vérité, j’amasse des richesses… Je boirais bien à la santé de votre Noble Altesse. ‘’ »
Cette fois-ci, le cavalier qui avait écouté et entendu la réponse déclara :
« Je l’entendis, ayant trouvé un moyen très facile d’empêcher les ponts de rouiller en les plongeant dans l’huile. Je le félicitai d’avoir amassé des richesses et, plus encore, de vouloir boire à ma Noble Altesse. »
Et à ce moment il dit en terminant sa chanson…

Fin de l’épisode, à suivre…
04 août 2022.

1 – Les cavaliers rouge et blanc s’affrontent

Le bruit décrut et un silence de mort régna. Le plat ayant contenu le gâteau était à ses pieds et Alice n’avait pas rêvé.
Les cavaliersC’est alors qu’aux cris de : « 
Holà ! Holà ! Echec ! », un cavalier en armure écarlate fonça sur la fillette en brandissant sa lourde masse d’arme. Le cheval stoppa net devant elle et le cavalier dégringola à bas de sa monture. « Tu es ma prisonnière cria-t-il en remontant en selle ! »
lorsqu’une nouvelle voix retentit : «
Holà ! Holà ! Echec ! ». C’était à son tour le cavalier blanc qui arrivant près d’Alice chut à son tour à terre puis il se remit en selle déclarant avoir vaincu le cavalier rouge. Ils se toisèrent tous les deux en silence et mirent leurs casques ressemblant à des têtes de cheval avant de s’affronter. 
Ils se cognaient avec tant de fureur qu’Alice se réfugia derrière un arbre. Ils alternaient les chutes et les remises en selle, jusqu’à ce qu’ils tombèrent ensemble. Fin du combat, ils se serrèrent la main, le cavalier rouge enfourcha son cheval et partit au galop.

Alice dit qu’elle voulait être Reine. « Pas de problème ! déclara le cavalier blanc, je vais te protéger jusqu’au prochain ruisseau ; tu le franchiras et tu seras Reine. » La jeune fille le remercia et l’aida à enlever son casque. Il avait de longs cheveux blancs, le visage plein de bonté et de grands yeux très doux. Il était revêtu d’une armure en fer blanc et portait comme un sac à dos une boîte retournée vers le bas dont le couvercle pendait.
« 
C’est une boîte de mon invention pour que la pluie n’y pénètre pas ; j’y place mes vêtement et des sandwichs. » S’apercevant qu’elle était vide à cause du couvercle ouvert, il l’accrocha à une branche d’arbre pour que les abeilles viennent s’y nicher et lui donner du miel.
« 
Vous avez une ruche attachée à votre selle, s’étonna Alice. »
« 
Je sais, répondit-il, mais aucune abeille ne s’y est approchée. Je suppose que les souris qui sont à côté empêchent les abeilles de venir à moins que ce ne soient les abeilles qui empêchent les souris de venir. »
Laissant Alice perplexe, il lui montra les anneaux de fer aux chevilles de sa monture précisant : 
« 
C’est de mon invention pour qu’il ne soit pas mordu par un requin. » Ceci étant, il fourra le plat à gâteau dans un sac qu’il accrocha à sa selle avec d’autres sacs chargés de bottes de carottes, de pelles, de pincettes, de tisonniers et tout un tas d’autres objets.
Ils se mirent en chemin, elle à pied et lui sur son cheval qui avançait doucement au pas…  

Fin de l’épisode, à suivre…
25 juillet 2022