Ch 9 La Reine Alice
3 - la Grenouille
La porte s’entrebâilla très légèrement. Une créature pourvue d’un long bec passa la tête par l’ouverture et dit : « Défense d’entrer avant deux semaines ! » puis referma la porte avec fracas. Alice frappa, tira les sonnettes en vain lorsqu’une vieille grenouille arriva en clopinant ; elle portait une veste verte et un pantalon jaune et de longues chaussures.
« Quoi que vous voulez ? » murmura-t-elle d’une voix grave et enrouée.
« Où est le domestique en charge de cette porte ? » s’enquit la fillette. Grenouille regarda la porte puis Alice qu’elle questionna : « Quoi qu’elle vous a demandé, c’te porte ? » « Mais rien du tout, s’impatienta Alice, voilà un moment que je tape dessus. »
« Faut pas faire ça, faut pas, murmura Grenouille, parce que ça la contrarie pour sûr. »
La dessus, le batracien s’approcha et alla donner un grand coup de pied à la porte.
« Faut lui ficher la paix », haleta Grenouille en regagnant clopin-clopant l’arbre où elle était assise, « et alors elle vous fichera la paix à vous. »
À ce moment la porte s’ouvrit toute grande et on entendit une voix aiguë qui chantait
(une parodie d’un texte célèbre de Walter Scott : Bonnie Dundee) :
« Au peuple du Miroir, Alice a déclaré
Je tiens le sceptre en main, j’ai le chef couronné
Asseyons-nous à table, ô sujets du Miroir
Les deux Reines et moi vous invitons ce soir ! »
Puis ce furent des centaines de voix qui entonnèrent :
« Qu’on emplisse les verres, au bruit des chansons ! Qu’on saupoudre la table et de terre et de son ! Mettez des chats dans l’huile et des rats dans le thé. Vingt fois deux fois bienvenue Votre Majesté ! » On entendit des acclamations confuses, une minute de silence et la voix se remit à chanter :
« Ô sujets du Miroir, dit Alice, approchez !
C’est un très grand honneur de me contempler.
Ainsi que de manger et de boire à la fois
Avec des Reines Rouge et Blanche et avec moi !
Qu’on emplisse les verres avec du goudron
Ou avec tout ce qui pourra vous paraître bon
Mêlez du sable au vin, de la laine au poiré
Cent fois dix fois bienvenue Votre Majesté ! »
« Cent fois dix fois ! répéta Alice désespérée, mais ça n’en finira jamais ! Il vaut mieux que j’entre tout de suite ! »
Elle était restée dans l’entrée…
Fin de l’épisode, à suivre…
01 septembre 2022
2 - Les deux Duègnes s'endorment
Alice réagit en demandant aux deux duègnes :
« Si vous me dites à quelle langue appartient le mot turlututu, je vous dirai comme il se dit en allemand. » Déconcertée et vexée, la Reine Rouge prétendit que les reines ne font jamais de marché. La Reine Blanche de son côté voulait éviter les disputes ; elle changea de sujet et les deux duègnes chargées de veiller sur Alice se lancèrent sur des échanges relatifs à leur vécu d’orages violents. Elles reprirent leur jeu de devinettes en dérivant sur Gros Coco qui était venu au palais avec un tire-bouchon à la recherche d’un hypothétique hippopotame. Puis elles se rappelèrent du jour d’un effroyable orage.
Devant toutes ces digressions, la fillette soupira. Alors la Reine Blanche posa sa tête sur l'épaule de la jeune Reine
« J’ai terriblement sommeil ! » gémit-elle. La Reine Rouge chantonna une berceuse :
« Reine, faites dodo sur les genoux d’Alice.
Avant de vous asseoir à table avec délice.
Le repas terminé nous irons au bal.
Et danserons avec un plaisir sans égal. »
Puis elle déclara à son tour avoir sommeil. Les deux Reines dormaient profondément émettant des ronflements qui ressemblaient à un air de musique.
« Que dois-je faire ? » s’exclama Alice, tandis que les deux têtes rondes glissaient de ses épaules pour tomber, comme dit dans la chanson, sur ses genoux.
« Je crois qu’il n’est jamais arrivé à personne d’avoir à prendre soin de deux reines endormies en même temps ! » dit la gamine avant de rajouter :
« Il n’y a jamais eu dans toute l’histoire de l’Angleterre, plus d’une reine à la fois. » Comme elle n’arrivait pas à les réveiller, elle ferma les yeux pour écouter la petite musique qui diminuait peu à peu. Elle ne s’aperçut pas que les têtes, comme les deux Reines, étaient en train de s’évanouir.
Quand elle ouvrit ses yeux, sans s’étonner car tout dans ce pays du miroir est possible, elle se retrouva debout devant un porche vouté. Il était écrit au-dessus de la porte « REINE ALICE » et de chaque côté se trouvait une poignée de sonnette ; celle de droite portait un écriteau en-dessous, « Sonnette pour Visiteurs » celle de gauche indiquait « Sonnette pour Domestique » Alice ne savait que faire car elle n’était ni visiteuse, ni domestique et il n’y avait pas de sonnette indiquant « sonnette pour Reine ». De plus il n’y avait pas de heurtoir, et rien pour ouvrir. Elle essaya de pousser au cas où, mais la porte massive restait fermée. Juste à ce moment, la porte s’entrebâilla légèrement…
Fin de l’épisode, à suivre…
27 août 2022
1 - Questionnement des Reines Rouge et Blanche
Alice découvrit que c’était une couronne d’or. « ça, alors, c’est magnifique ! dit Alice. Jamais je ne me serais attendue à être Reine si tôt… Et pour vous dire la vérité Votre Majesté », ajouta-t-elle d’un ton sévère car elle aimait beaucoup se réprimander de temps en temps,
« il est impossible de continuer à vous prélasser sur l’herbe comme vous le faites ! Il faut que les Reines aient un peu de dignité, voyons ! » En conséquence, elle se leva et se mit à marcher, puis s’assit de nouveau, sans qu’elle ne fut étonnée de se retrouver assise entre les Reines Rouge et Blanche. Elle voulut leur demander si la partie était finie, mais à peine commença-t-elle en disant
« S’il vous plaît, pouvez-vous… » Qu’elle se fit rabrouer en lui faisant remarquer qu’il ne faut parler que si une autre personne vous adresse la parole. Il s’en suivit un échange de propos absurdes entre les deux reines qui ne s’occupaient pas d’elle jusqu’à ce que la Reine Rouge interpelle la Reine Blanche :
« Je vous invite au diner que donne Alice ce soir. » « Et moi je vous invite à mon tour. »
Alice déclara que ce devrait être à elle de faire les invitations, ce à quoi la Reine Rouge rétorqua qu’elles lui en avaient donné l’occasion, mais que sans doute elle n’avait pas reçu beaucoup de leçons de politesse. Alice commit l’erreur de dire que les leçons servent à apprendre à faire des opérations. La Reine Rouge la questionna sur des additions et des soustractions impossibles à résoudre et comme la fillette interloquée ne pouvait répondre, la Reine Rouge conclut qu’elle ne savait ni additionner, ni soustraire. Elle la questionna à nouveau
« Divise un pain par un couteau. » Et avant que la môme n’ouvre la bouche elle dit :
« Des tartines beurrées naturellement. » Puis elle rajouta :
« Essaye d’ôter un os à un chien, que reste-t-il ? »
Alice démontra intelligemment qu’il ne restait rien puisque le chien et la fillette se sépareraient. « Tu te trompes encore dit la Reine, il resterait la patience du chien puisqu’il a perdu patience en ne voyant plus son os. » Les deux Reines s’écrièrent alors d’une voix forte :
« Elle est vraiment incapable de faire des opérations. »
Alice énervée demanda à la Reine Blanche si elle savait faire des opérations, ce à quoi celle-ci rétorqua qu’elle savait faire les additions, mais pas les soustractions, rajoutant qu’elle connaissait l’alphabet et pouvait lire les mots d’une lettre. Nouvelle intervention de la Reine Rouge qui demanda à la môme si elle savait faire du pain.
« Avec de la fleur de farine… » Commença souriante Alice avant qu’on lui demande :
« Et où est-ce qu’on cueille cette fleur ? » « On ne la cueille pas, on la moud sous une meule. » Expliqua la fillette.
« Moût de raisin ou mou de veau ? Tu oublies toujours des détails important. » Répliqua la Reine Blanche. Alice soupira et ferma les yeux.
« Éventons-lui la tête ! Elle va avoir de la fièvre à force de réfléchir. »
Les deux reines se mirent à l’éventer avec des poignées de feuilles. Alice réagit…
Fin de l’épisode, à suivre…
18 août 2022
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