Ch4 - les jumeaux

Pour se préparer à vider leur querelle, Blanc Bonnet pria Alice de les aider à s’habiller.
Ils entrèrent dans le bois et revinrent une minute plus tard les bras chargés de : traversins, couvertures, carpettes, nappes, couvercles de plats et seaux à charbon.
Alice raconta par la suite qu’elle n’avait jamais vu personne faire tant d’embarras que les jumeaux. Il est impossible d’imaginer à quel point ils s’agitèrent et la quantité de choses qu’ils se mirent sur le dos, et le mal qu’ils lui donnèrent en lui faisant nouer des ficelles et boutonner des boutons.
Blanc Bonnet demanda à Alice de lui arranger un traversin autour du cou pour lui éviter d’avoir la tête coupée, car c’est une des choses les plus graves qui puisse arriver au cours d’une bataille : avoir la tête coupée.
Bonnet Blanc se fit mettre un casque qui ressemblait beaucoup à une casserole.
Alice tenta de les convaincre de ne pas se battre, mais en vain et Bonnet Blanc déclara : « Il faut absolument que nous nous battions un peu, mais je ne tiens pas à ce que cela dure trop longtemps. Quelle heure est-il ? »
« Quatre heure et demie » répondit-elle.
Bonnet Blanc proposa : « Battons-nous jusqu’à six heures ; ensuite nous irons diner. »
« Parfait » dit l’autre puis s’adressant à la fillette : 
« Ne t’approche pas trop de nous pour ne pas être blessée ! »

« Je voudrais bien que l’énorme corbeau arrive ! » pensa Alice.
« Il n’y a qu’une épée, dit Bonnet Blanc à son frère, mais tu peux prendre le parapluie qui est pointu lui-aussi. Dépêchons-nous de commencer, je trouve qu’il fait de plus en plus sombre. »
« Quel gros nuage noir ! s’exclama Alice, ma parole, je crois vraiment qu’il a des ailes ! »
« C’est le corbeau ! » cria Bonnet Blanc d’une voix aiguë et terrifiée. Là-dessus, les deux frères prirent leurs jambes à leur cou et disparurent en un moment.
Se retrouvant seule, Alice s’enfonça un peu dans le bois et s’arrêta sous un grand arbre afin que le corbeau ne puisse l’atteindre. Il battait si violemment des ailes qu’il déclenchait comme un véritable ouragan.
« Tiens ! dit Alice, voici le châle de quelqu’un qui a été emporté par le vent ! »

Fin de l’épisode, à suivre…
30 mars 2022

Blanc Bonnet et Bonnet Blanc demandèrent à Alice son avis sur le récit du Morse et du Chapelier.
Alice : « Ma foi ! L'un et l'autre étaient des personnages bien peu sympathiques... »
Elle s'arrêta inquiète en entendant un bruit comme le grognement d'une bête sauvage. Elle demanda timidement si des lions ou des tigres existaient dans les environs. 
« Ce n'est que le Roi Rouge qui ronfle », répondit Blanc Bonnet et les jumeaux la tenant par la main la menèrent à l'endroit où celui-ci dormait son bonnet rouge couvrant son visage.
Ensuite, ils racontèrent qu'il devait rêver d'elle et que si, il se réveillait, elle disparaîtrait. Alice pensa qu'ils ne disaient vraiment que des bêtises ; alors pour détourner la conversation elle demanda : 
« Croyez-vous qu'il va pleuvoir ? »
Bonnet Blanc prit un grand parapluie qu'il ouvrit au-dessus de lui et de son frère en disant que même s'il pleuvait, ce ne serait pas sur eux. 
« Sales égoïstes », songea Alice qui s'apprêtait à partir quand Bonnet Blanc bondit en sortant de sous le parapluie. Il la saisit d'une main, et d'une voix pleine de colère, lui montra un objet blanc sur l'herbe au pied de l'arbre : 
«Là, là, là... » 
« Ce n'est qu'une crécelle, répondit Alice, elle est toute vieille et toute brisée » 
« J'en était sûr, c'est la mienne ! » cria Bonnet Blanc en trépignant, tandis que Blanc Bonnet essayait de disparaître derrière le parapluie.

Ne sommes nous pas en train de voir se concrétiser la comptine que récitait Alice lors de sa rencontre avec les deux frères ? ; d'autant plus que Bonnet Blanc accusait son frère de l'avoir brisée.
Il déclara d'une voix plus calme : « Naturellement, nous allons vider cette querelle ! »

Fin de l'épisode... à suivre,
22 mars 2022

Strophes 12 - 13 + image
Les Huitres dirent " Attendez "
Pour parler nous sommes trop lasses ;
Donnez-nous le temps de souffler,
Car nous sommes toutes très grasses !
" Je veux bien " dit le Charpentier
Et Huitres de remercier

Strophes 14 et 15
" Vous n'allez pas nous manger, nous ! "
Dirent-elles horrifiées.
" Jamais nous n'aurions cru que vous
Pourriez avoir pareille idée ! "
Le Morse dit : " La belle nuit !
Voyez comme le soleil luit !

Strophes 16 - 17 - 18
Le Morse dit : " Ah ! c'est honteux
De les avoir ainsi trompées,
Et de les manger à nous deux
Au terme de leur équipée ! "
Le Charpentier lui dit ceci : 
Passe le beurre par ici ! "

" Le Morse dit : " Je suis navré ; 
Croyez à mes condoléences. "
Sanglotant, il mit de côté
Les plus grosses de l'assistance ;
Et devant ses yeux ruisselants
Il tenait un grand mouchoir blanc.

Le Morse dit " Un peu de pain
Nous sera je crois nécessaire ;
Poivre et bon vinaigre de vin
Feraient aussi notre affaire...
Ô Huitres, quand vous y serez,
Nous commencerons à manger "


" Merci de nous avoir suivis
Ô mes belles Huitres si fines ! "
Le Charpentier, lui dit ceci :
" Coupe donc une tartine !
Tu dois être sourd, par ma foi...
Je te l'ai déjà dit deux fois ! "


" Ô Huitres, dit le Charpentier, 
Le jour à l'horizon s'annonce ;
Pouvons-nous vous raccompagner ? "
Mais il n'y eut pas de réponse...
Bien sot qui s'en étonnerait,
Car plus une Huitre ne restait.
Fin de cette historiette 15 mars 2022

Strophes 1-2-3
Le soleil brillait sur la mer
Brillait de toute sa puissance
Pour apporter aux flots amers
un éclat beaucoup plus intense
Le plus curieux dans tout ceci
C'est qu'on était en plein minuit.

Strophes 4-5 et image
Or, le Morse et le Charpentier
S'en allaient tous deux côte à côte
Ils pleuraient à faire pitié
De voir le sable de la côte
En disant " si on l'enlevait
Quel beau spectacle ce serait "

Strophes 6-7-8
" Ô Huitres, venez avec nous ! "
Dit le Morse d'une voie claire
Marchons en parlant - l'air est doux
Tout le long de la grève amère.
Nous n'en voulons que quatre, afin
De pouvoir leur donner la main. "

Strophes 9-10-11
" Quatre autres Huitres, aussitôt
Les suivirent, et puis quatre autres ;
Puis d'autres vinrent par troupeaux,
À la voix de ce bon apôtre...
Toutes courant et sautillant,
Sortirent des flots scintillants

La lune de mauvaise humeur
S'indignait fort contre son frère
Qui vraiment, devrait être ailleurs
Lorsque le jour a fui la terre
Il était disait-elle, grossier
de venir ainsi tout gâcher

La plus vieille le regarda.
Mais elle demeura muette ;
La plus vieille de l'œil cligna
Et secoua sa lourde tête...
comme pour dire " Mon ami,
Je ne veux pas quitter mon lit "


Donc le Morse et le Charpentier
Marchèrent devant le cortège
Puis s'assirent sur un rocher
Bien fait pour leur servir de siège
Et les Huitres groupées en rond
Fixèrent les deux compagnons
 

Les flots étaient mouillés, mouillés
Et sèche, sèche était la la plage
Nul nuage ne se voyait
Car il n'y avait pas de nuages
Nul oiseau ne volait en haut
Car il n'y avait pas d'oiseau


Sept bonnes ayant sept balais
Balayant pendant une année
Suffiraient-elles au déblai ?
Dit le Morse l'âme troublée.
Le Charpentier dit : "Certes non"
Et poussa un soupir profond.

Quatre autres Huitres, sur-le-champ,
S'apprêtèrent pour cette fête :
Veston bien brossé, faux-col blanc
Chaussures cirées et bien nettes
Et ceci bien singulier,
Car elles n'avaient pas de pieds.


Le Morse dit : " C'est le moment 
De parler de diverses choses ,
Du froid, du chaud, du mal aux dents
De choux-fleurs...  de rois... et de roses
Et si les flots peuvent brûler
Et si les porcs savent voler...
À suivre ...   13 mars 2022

Les deux jumeaux se tenaient debout ; chacun avait un bras passé autour du cou de l'autre. le premier avait le mot Bonnet brodé sur le devant de son col et l'autre le mot Blanc.
Bonnet déclara : « Si tu nous prends pour des figures de cire, il te faudra payer pour nous regarder. »
Blanc rajouta : « Mais si tu nous crois vivant, il faut nous parler. » 
« Je vous fais toutes mes excuses, dit Alice en récitant une comptine »

Bonnet Blanc dit que Blanc Bonnet
Lui avait brisé sa crécelle ;
Et Bonnet Blanc et Blanc bonnet 
Dirent : "Vidons cette querelle". 

Mais un énorme et noir corbeau
Juste à côté d'eux vint s'abattre ; 
Il fit si peur aux deux héros
Qu'ils oublièrent de se battre

Bonnet Blanc dit : « Ce n'est pas vrai, en aucune façon. » « Tout au contraire, continua Blanc Bonnet, si c'était vrai, cela ne pourrait pas être faux ; et en admettant que ce fût vrai, cela ne serait pas faux, mais comme ce n'est pas vrai, c'est faux, voilà de la bonne logique. » 
« Je me demandais dit Alice très poliment, quel chemin faut-il prendre pour sortir de ce bois ; pourriez-vous me l'indiquer s'il vous plait ? »
Mais les deux gros petits bonhommes se contentèrent de se regarder en ricanant. Alice pointa son doigt sur Bonnet Blanc « Vous ! dites-le-moi ! » « En aucune façon rétorqua-t-il en fermant sa bouche d'un claquement sec. » Alice montra à son tour Blanc Bonnet qui s'écria : « Tout au contraire, et tu t'y prends mal, car quand on fait une visite on commence par demander : "Comment ça va ?" et ensuite on tend la main ! » Les deux frères se serrèrent l'un contre l'autre et tendirent leur main libre à la fillette.
Pour se sortir d'embarras sans les froisser, elle saisit leurs deux mains en même temps et alors tous les trois ils se mirent à danser en rond ce qu'elle trouva naturel car elle entendait de la musique provenant de l'arbre sous lequel ils dansaient. Les deux danseurs étaient gros et ils furent vite essoufflés. « Quatre tours suffisent ! » dit Bonnet Blanc tout haletant et ils s'arrêtèrent comme la musique aussi. Ils lâchèrent les mains d'Alice et la zieutèrent en silence une bonne minute. 
« J'espère que vous n'êtes pas trop fatigués ? » demanda-t-elle. « En aucune façon, merci de nous l'avoir demandé, répondit Bonnet Blanc» « Nous te sommes très obligé, ajouta Blanc Bonnet. Aimes-tu la poésie ? » « Oui, assez, mais voudriez-vous m'indiquer quel chemin prendre pour sortir du bois ? » Ignorant la question, Blanc Bonnet demanda à  Bonnet Blanc : « Que vais-je lui réciter ? » « La plus longue que tu connaisses comme le Morse et le Charpentier » répondit Bonnet Blanc en serrant affectueusement son frère contre lui. « Si cette poésie est vraiment très longue, dit de nouveau très poliment Alice, voudriez-vous m'indiquer d'abord quel chemin... » Blanc Bonnet sourit doucement et ...

Fin de l'épisode... à suivre, 
02 mars 2022