épisodes 6 à 10

Alice poursuit ses aventures liées au fait de ses transformations, selon qu'elle est trop grande ou trop petite. Elle va croiser de curieux personnages, parfois effrayants, parfois farfelus... 

épisode 10 - L'heure du thé

Une table était dressée sous un arbre devant la maison. Le Lièvre de Mars et le Chapelier jabillaient et sirotaient leur thé agglutinés dans un angle entre une marmotte qui piquait un roupillon. La voyant ralléger, ils s'écrièrent : 
Alice à table pour le thé«
Pas de place, pas de place » 
«
Vous rigolez, s'indigna Alice en posant ses miches sur un vaste fauteuil à l'angle opposé, il y en a un cuchon. La table est préparée pour de nombreuses personnes »   
«
Prenez un canon de vin, dit le Lièvre »   
«
Il n'y en a pas ! s'interloqua la mominette, ce n'est pas poli d'offrir ce que l'on a pas ! » 
«
C'est tout aussi impoli de s'asseoir sans avoir été invitée, rebriqua Grandes-Oreilles » Alice fit la moue et haussa les épaules.
«
Vos cheveux auraient besoin d'une coupe ! déclara Chapelier » La mine sévère Alice répondit qu'il était grossier de faire de telles remarques à une jeune fille. Chapelier dit :
«
Quelle différence y-a-t-il entre un corbeau et un bureau ? » Alice qui adorait les devinettes affirma qu'elle donnerait sa réponse après avoir réfléchit. 
«
Soyez claire et précise dit Chapelier, car dire : je vois ce que je mange n'est pas pareil que je mange ce que je vois. »
Lièvre de Mars rajouta : «
J'aime ce que j'ai, n'est pas j'ai ce que j'aime ! »
Marmotte souleva une paupière et compléta en baillant : «
Je respire quand je dors, n'est pas je dors quand je respire ! »
La conversation pris fin. Tous les trois firent silence pendant qu'Alice passait en revue dans ses boyaux du cerveau ce qu'elle savait sur les corbeaux et les bureaux ; c'étaient peu de choses en fait. Chapelier rompit le silence en s'adressant à Alice :
«
Quel jour du mois sommes-nous ? » Il venait de sortir sa tocante de sa poche et la reluquait en la secouant et la mettant contre son oreille.
«
Nous sommes le quatre » déclara la fillette. 
«
Deux jours de retard, soupira Chapelier en regardant méchamment le lapin, Je vous avais pourtant bien dit que le beurre ne valait rien pour le mécanisme. » Lièvre de Mars rebriqua piteusement : « C'était du beurre de premier choix. »
Chapelier grommela : «
Des miettes s'y seront collées, vous n'auriez pas dû vous servir du couteau à pain ! » Lièvre de Mars prit la tocante, la trempa dans sa tasse de thé et redit : « C'était du beurre de premier choix. » 
«
Drôle de montre, observa Alice, elle donne le jour du mois mais pas l'heure ? » Chapelier marmonna : « La vôtre donne-t-elle l'année » « Non, répondit-elle mais c'est parce que l'année reste la même pendant longtemps ! » 
«
Exactement comme pour ma montre à moi, déclara Chapelier » Alice prise de court demanda doucement et très poliment : « Je ne vous comprends pas très bien ? » « Marmotte s'est encore endormie ! » dit Chapelier en lui versant un peu de thé chaud sur le nez.

« Avez-vous trouvé la réponse à l'énigme ? » demanda-t-il à Alice.

Fin de l’épisode, à suivre…
07 juin 2021.

épisode 9 - Le Chat du Cheshire

Alice réceptionna de justesse le bébé qui gesticulait et ronflait comme une machine à vapeur
« 
Il risque sa peau dans cette cambuse, se serait criminel de l’abandonner, dit-elle tout haut. Le gluant n’éternuait plus et grogna.
« 
C’est inconvenant de grogner », reprit-elle en lorgnant la trombine du momignard qui avait le nez comme un groin et les calots plus petits.
« 
Si tu te transforme en porcinet, je ne vais plus m’occuper de toi », rajouta-t-elle en cheminant sur le chemin. Rien de plus naturel que de cheminer sur un chemin, n’est-ce pas ? Zieutant de nouveau le petiot, c’était bien un porcelet qu’elle posa à terre et qui s’éloigna en trottinant à travers bois.

Chat d'AliceUn peu plus loin elle eut la surprise de voir le Chat du Cheshire assis sur la branche d’un arbre qui se contenta de sourire quand elle rallégea.
« 
Il n’a pas l’air rossard, mais ses quenottes et ses longues griffes en imposent. Cajolons-le ! Chat du Cheshire chéri, pouvez-vous m’indiquer le chemin à suivre pour gicler d’ici ? »
« 
Cela dépend du lieu où vous voulez-aller ? »
« 
Je n’en sais fichtre rien ! »
« 
Alors peu importe le chemin, vous arriverez bien quelque part si vous crapahutez assez longtemps ! » C’n’est pas faux pensa-t-elle en risquant une nouvelle question :
« 
Quelles sortes de gens crèchent dans le coinsto ? » Montrant sa patte droite, il jabilla :
« 
Dans cette direction, vit un Chapelier et du côté gauche un Lièvre de Mars. Choisissez ! Mais je précise qu’ils sont tous les deux foldingots. » 
« 
Je ne veux pas aller chez les fondus du cigare ! » 
«
Vous n’ avez pas le choix, nous sommes tous fous dans ce patelin. Je suis fou, vous êtes folle… » 
« 
Comment ça, je suis foldingue ! »
« 
Vous l’êtes sinon vous ne seriez pas venue dans ce bled ! »
« 
Et vous, comment concluez-vous que vous êtes zinzin ? »
« 
Le chien n’est pas foutraque ; il grogne quand il est en colère et remue la queue quand il est content. Moi je grogne quand je suis content et remue la queue quand je suis en rogne, donc je suis fou. » 
«
J’appelle ça ronronner, pas grogner, dit Alice. »
« 
Appelez ça comme vous voulez, dit Chat. À propos, jouez-vous au croquet avec la Reine ce tantôt ? » 
« 
J’aurais aimé, mais je ne suis pas invitée. » 
« 
Vous m’y verrez, dit Chat et il disparut. » Habituée au bizarreries, Alice ne fut pas choquée et Chat réapparut :
« 
J’avais oublié, qu’est devenu le bébé ? » 
« I
l s’est changé en porc avant de s’en aller en trottinant. »
« 
J’y songeais, dit Chat qui s’évanouit de nouveau.

Alice suivit le ruban vers la résidence du Lièvre, se disant qu’il est de mars alors que nous sommes en mai et donc il devrait être moins frapadingue. Levant ses mirettes, Chat était de nouveau assis sur une branche.
« 
Vous avez dit porc ou corps, demanda-t-il ? »
« 
J’ai dit porc et cessez de disparaître brutalement, ça me file les jetons. »
« 
D’accord, dit Chat qui disparut lentement du bout de la queue jusqu’au sourire qui resta un instant suspendu dans l’air. »
« 
C’est bien la première fois après avoir vu des chats sans sourire que je vois un sourire sans chat. »

C’est alors qu’elle aperçut la demeure du Lièvre de Mars.

Fin de l’épisode, à suivre…
30 mai 2021.

épisode 8 la Duchesse et le bébé

« J'ai déjà mangé des œufs, dit Alice qui n'était pas menteuse, car les filles comme les serpents aiment les cacous vous savez, mais je ne suis pas venu pour ça et les œufs crus, j'y crains. »
«
Alors partez », dit Pigeon boudeur, avant de rejoindre son nid.

Alice sur le chemin se mit en devoir de grignoter de petits morceaux de champignon, jusqu'à retrouver sa forme et sa taille normale.
«
Bon ! il faut que je retrouve le joli jardin » japilla-t-elle tout haut.
Elle atteignit une clairière où il y avait une maisonnette d'un plus d'un mètre de haut et pour ne pas filer les jetons aux habitants, elle se fit rapetisser jusqu'à 80cm. À ce moment sortant du bois et couratant, elle zieuta un laquais en livrée avec une tête de poisson qui toqua à la lourde de la bicoque. Un laquais à tête de grenouille l'ouvrit. Poisson-Laquais remis à Grenouille-Laquais une enveloppe qu'il ouvrit et lut
" De la part de la Reine, invitation de la Duchesse à une partie de croquet."
Les deux Laquais aux cheveux poudrés et coiffés en boucle s'inclinèrent très bas, s'entremêlant leurs boucles, déclenchant l'hilarité d'Alice.

Poisson-Laquais parti, Grenouille-Laquais se posa à terre en bas de la porte. Alice rallégea et toqua à la porte.
«
Inutile de frapper dit laquais ; primo nous sommes du même côté et secundo, il y a un tel boucan à l'intérieur que personne n'entendra. » La porte s'ouvrit et une assiette vola, effleurant Laquais avant de s'éclater contre un arbre.
«
Bon ! Je vais rester dehors un jour ou deux. Entrer ou ne pas entrer, telle est la question ? » déclara Laquais en restant dans l'herbe.
Alice ouvrit la porte et pénétra dans une vaste cuisine.

La Duchesse la Cuisinière et le bébéLa Duchesse était assise sur un tabouret et tenait un bébé dans ses bras tandis que la cuisinière touillait dans un grand chaudron ce qui ressemblait à de la soupe.
«
Il y a trop de poivre dans cette soupe », geignit Alice entre deux éternuements.
La Duchesse éternuait aussi comme le bébé qui tour à tour hurlait et éternuait. Seuls, la cuisinière et un chat qui arborait un large sourire jusqu'aux oreilles n'éternuaient pas. 

Sur la demande d'Alice, Duchesse précisa que c'était un Chat du Cheshire, que tous les chats peuvent sourire et la plupart le font.
La cuisinière retira le chaudron, contenant la soupe, du feu et sans vergogne, commença de bombarder la Duchesse et le bébé avec tout ce qui lui tombait sous la main : tisonniers, casseroles, assiettes, plats... La Duchesse n'y prêtait pas attention et le bébé hurlait.
La Duchesse se mit à chanter une berceuse en secouant violemment le bébé. Puis elle s'écria à l'attention d'Alice :
«
Tenez, vous pouvez pouponner si ça vous chante ! Il faut que je me prépare pour la partie de croquet de la Reine ! » Et elle lui lança le bébé avant de gicler de la cuisine.

Fin de l'épisode, à suivre...

18 mai 2021

épisode 7 - Le chenillon, le pigeon

Alice et le chenillonNotre "aventurière" se retrouva face à un chenillon fumant son houka. Le houka est une pipe indienne voisine du narguilé turc. L'auteur vivait à l'époque où l'Inde était sous domination britannique, d'où le houka plutôt que le narguilé. Alice et Chenillon se toisèrent en silence jusqu'à ce qu'il retire l'embout du houka de sa bouche, demandant d'une voix languissante et ensommeillée : 
«
Qui êtes-vous ? »  
«
Pour dire vrai, rebriqua la fillette, j'ai tellement changé depuis ce matin que je n'en sais plus fifre rien ! » 
«
Que signifie cela ? » Quémanda Chenillon sévèrement. 
«
Je suis perturbée de changer sans cesse de taille et jamais la bonne. Ça ne vous choque pas, mais quand vous deviendrez chrysalide, puis papillon, ça vous fera surement turbiner de la couronne ! » 
«
Pas le moins du monde ! » 
«
Eh bien moi si, je trouverai cela étrange ! »
Dédaigneux, Chenillon rétorqua de nouveau : «
Qui êtes-vous ? » 
«
Je pense que c'est à vous de me dire qui vous êtes ! »

Durant quelques broquilles, notre larve de papillon resta à tirer des bouffées de son houka avant de déclarer : 
«
Alors comme ça, vous pensez être changée ? » 
«
Un peu mon neveu, et non seulement de taille, mais lorsque je déclame mes récitations, les paroles sont totalement modifiées et absurdes ! » Elle se mit alors à jabiller deux textes. Chenillon confirma l'absurde des paroles ; il réfléchit et lui demanda : 
«
Quelle taille désirez-vous faire ? » 
«
Ma fois, j'aimerai être un peu plus grande, huit centimètres, c'est vraiment une mauvaise taille ! » 
«
C'est une excellente taille ! » rouscailla Chenillon qui mesurait exactement huit centimètres. 
«
Mais moi, je n'y suis pas habituée ! » Gémit Alice tandis que Chenillon se remit à fumer de plus belle. Puis il bailla, se secoua et descendit du champignon, s'éloignant il lança une ultime remarque : 
Alice au long cou«
Dans un sens, il vous fera grandir et dans l'autre, rapetisser, ce champignon ! » Lorsqu'il disparut, elle prit deux morceaux de chacun des deux côtés opposés du chapeau. Commençant par celui de sa main droite, et comme elle rapetissait à vue d'œil, elle consomma celui de sa main gauche et se mit à grandir, jusqu'à toucher avec sa tête, le faîte des arbres. Elle constata, ce qui lui fila le traczir, que son cou était devenu démesuré.

C'est alors, qu'un gros pigeon fondit sur elle en la frappant violemment au visage avec ses ailes et hurlant : 
«
Serpent ! » 
«
Je ne suis pas un serpent, t'es barjot, casse-toi ! » 
«
Alors vous êtes quoi ? » se radoucit le Pigeon. 
«
Je suis une petite gisquette ! » répondit-elle d'une voix mal assurée. 
«
Et vous croyez que je vais gober cette histoire ? dit le volatile méprisant. Des petites drôlesses, j'en ai zyeuté pas mal, mais jamais avec un cou pareil ! Vous êtes un serpent, inutile de me bourrer le mou. Encore un peu et vous viendrez me dire que vous n'avez jamais mangé d'œufs ! »

Fin de l'épisode, à suivre...

11 mai 2021

épisode 6 - Alice s'enfuit de la maison de Lapin Blanc

Alice se parlait en faisant les questions réponses : 
«
J'étais bien mieux à la maison ! je me demande ce qui m'est arrivé ? Quand je lisais des contes de fées je m'imaginais que ce genre de chose n'arrivait jamais. Me voilà pourtant au milieu d'un conte. Il faudrait écrire un livre sur moi. Ne jamais devenir une vieille femme, c'est bonnard. Oui mais je devrais toujours apprendre des leçons ; ça ne m'enchante pas du tout » 

Au bout de quelques minutes, elle entendit Lapin bieurler : 
«
Marianne ! Marianne ! Rallège avec mes gants, illico presto ! »
Arrivé devant la porte, il ne put délourder car elle était bloquée par le coude d'Alice. Se dirigeant vers la fenêtre, il s'écria furibard : 
«
Pat ! Pat ! Où es-tu ? » 
«
Je suis à la pêche aux pommes, not' maît' ! »
«
Arrive et vient m'aider à enlever ce bras qui bouche toute la fenêtre. »
Mais rien à faire pour y arriver et le silence se fit avec des chuchotements comme : 

Bill le Lézard« Pour sûr not' maît', il est en pétard. »

Elle entendit alors un petit bruit de charrette et d'autres voix :
«
Bill attrape cette corde et monte sur le toit pour descendre par la cheminée, le maître dit que c'est à toi de le faire, alors ne gongonne pas ! »
Alice introduisit son pied dans la cheminée jusqu'à ce qu'elle sente gigoter un petit animal et elle décocha un bon coup de pied. En coeur, les voix dirent :
«
Voilà Bill ! »
Après un court vol plané, il s'abousa dans un pré où on lui apporta de l'eau-de-vie pour qu'il se requinque, lui disant :
«
Ah ! mon vieux, pour fuser, tu as fusé. »
«
Il faut bruler la maison », ordonna Lapin.
«
Si vous faîtes ça, je lâche Dinah sur vous », hurla-t-elle de toute ses forces.

Un profond silence s'ensuivit avant que Lapin ne dise :
«
Une brouette suffira pour commencer. »
Une minute plus tard une pluie de gravillons s'abattit contre la fenêtre et quelques-uns, l'atteignirent au visage avant de se transformer en petits gâteaux quand ils atteignaient le sol. Elle en gouta un en s'émerveillant de rétrécir.
Dès qu'elle fut à nouveau assez petite, elle sortit en courant de la bicoque et se retrouva devant une foule nombreuse de petits animaux et d'oiseaux qui l'attendaient. Bill, le petit Lézard, se tenait au milieu soutenu par deux cochons d'Inde.
Alice et le chiotNe demandant pas son reste, elle trissa à toute berzingue pour se retrouver hors d'atteinte dans un bois épais.

Scrutant les alentours, elle esgourda un aboiement aigu au-dessus d'elle. Un énorme chiot la zieutait de ses gros yeux ronds et tout pataud, tendit la patte pour l'agricher.
Elle lui lança un petit bâton qui le fit émettre un petit jappement de joie et il s'amusa avec. Pas facile de ne pas se faire écraser et Alice courait en tous sens jusqu'à ce que le petit clebs s'arrête, la langue pendante et les yeux mi-clos. Elle en profita pour prendre la poudre d'escampette et galocha jusqu'à ce que les aboiements s'évanouissent au loin.
«
Il faut que je grandisse ! » Dit-elle.
En cherchant autour d'elle, un champignon à peu près de sa taille, attira son attention. Elle se haussa sur la pointe des pieds et en lorgnant par-dessus le bord du champignon, immédiatement son regard effaré croisa...

Fin de l'épisode, à suivre...

03 mai 2021